Photo : Makine F. La capitale de l'Ahaggar abrite depuis hier la troisième édition du Festival de la chanson amazighe qui va se clôturer le 23 décembre. En prélude, les troupes ont défilé en ville sur une centaine de mètres et une cérémonie officielle a eu lieu en début de soirée. Il s'agit depuis l'institution de cette manifestation par le ministère de la Culture de confronter les meilleurs artistes et troupes qui ont émergé de concours de présélection organisés dans quatre régions berbérophones du pays à l'exception du Chenoua. Désormais, la valorisation de cette dimension de la culture nationale veut se traduire par des actes concrets. Le choix de Tamanghest où le parler berbère et les coutumes amazighes sont vivaces n'est pas fortuit. C'est aussi malgré le peu d'intérêt des médias de la capitale qui préfèrent évoquer d'autres phénomènes caractéristiques de la vie sociale un creuset de nouvelles expériences innovantes en matière musicale. Le groupe Tinariwine (déserts) ou Bali ne sont que des arbres qui cachent une forêt plus touffue de talents. En dehors de la compétition qui verra le remise de trois prix de 300 000 DA pour la meilleure prestation et la meilleure composition musicale, le festival sera l'occasion d‘honorer certaines personnalités artistiques comme le compositeur Kamel Hamadi, Mendaoui El Barka de Tamanrasset, Marouf Mohamed du Mzab et l'épouse de l'artiste défunt Athmane Bali. Le jury présidé par le maestro de l'orchestre national Rachid Saouli décernera un troisième prix pour l'œuvre la plus complète. Son montant est de 350 000 DA. Nul doute que beaucoup de personnes sevrées d'animation culturelle profiteront pour sortir en soirée. Une immense scène est installée en plein-air devant la maison de la culture située au centre ville. Se dressent sur cette vaste esplanade des tentes où l'on peut découvrir la vie traditionnelle des hommes bleus et leur artisanat. On annonce le passage de beaucoup de chanteurs connus à l'image de Chaba Yamina qui chante plutôt du sétifien différent du chaoui, Boualem Chaker, El Ghazi ou Massinissa une voix de la protest song chaouie. Hier, c'est Celina, la chanteuse connue pour ses chansons de fête mais quelque peu oubliée, Hacène Dadi qui devait se produire en compagnie de Djamel Ichoudhine du Mzab. On annonce par ailleurs la venue de Ali Amrane pour le 22. Toutefois, le choix des programmateurs parait contestable dans la mesure où certains chanteurs n'ont rien apporté à la chanson amazighe depuis des années. Où sont passés les Zeddek, Jimmy, Toto de Ngaous ou Adel Chaoui ? On peut aussi observer que l'événement passe quelque peu inaperçu notamment dans la ville où peu, sinon aucune, d'affiches ou de banderoles ne l'annoncent. Le public tout au long de ces quatre jours aura à découvrir les multiples facettes de la chanson amazighe qui se décline sous des formes traditionnelles ou s'ouvrant de plus en plus à des sonorités modernes. Cette dernière est très perceptible dans la chanson targuie représentée par des artistes connus dans la région à l'image d'Idabir Baba. La guitare a relégué les instruments traditionnels comme Tizenghart ou l'imzad. L'usage de l'oud ne reste répandu que dans le Tassili N'Ajjers. Par ailleurs, des conférences se tiendront à la maison de la Culture. Des intellectuels de renom ont été invités. Rachid Bellil évoquera les tentatives de modernisation de la musique traditionnelle au Gourara. Dida Badi interviendra sur les techniques de collecte du patrimoine culturel immatériel. En plus des réjouissances, une réflexion aura lieu sur des problématiques liées à la culture amazighe dans ses multiples expressions ou au patrimoine au sens large.