La population a pu oublier ses déboires quotidiens grâce au mélange des sons et des couleurs pendant une semaine de bonheur culturel. Très à l'aise avec son tempérament de gentlemen, 24 ans après s'être produit dans la capitale de l'Ahaggar (1984), le chantre de la chanson kabyle a, tout simplement, subjugué l'assistance grâce à une prestation de qualité qui a marqué la clôture du festival. Le public a eu droit, dans la soirée de la clôture du Festival culturel national de la chanson et de la musique amazighes, dans sa première édition, à une affiche alléchante avec trois troupes représentant la chanson et la musique targuie, chaouie et mozabite en ouverture pour laisser place à un artiste épatant, d'une passion et d'un amour sans limite pour la tradition musicale, Lounis Aït Menguellet en l'occurrence, pendant plus de deux heures, en souhaitant au préalable longue vie au festival, a entamé son récital par sa chanson mythique Achimi chefigh. Une clôture somme toute en apothéose, qui restera gravée à jamais dans les esprits des présents. La 1re édition du Festival culturel national de la chanson et de la musique amazighes tenu à Tamanrasset, la capitale de l'Ahaggar, du 25 au 31 décembre 2008 fut un moment, à la fois de désenclavement culturel pour la population locale et de rencontre chaleureuse de l'Algérie des couleurs et des sons. En effet, les insuffisances techniques, le manque d'organisation et la mauvaise programmation n'ont pas eu raison de la volonté des 18 troupes représentant 13 wilayas, des organisateurs, des chanteurs vedettes à l'instar de Lounis Aït Menguellet, Djamel Allam Katchou, et surtout de la population locale épaulée par les chanceux touristes étrangers et en l'absence, malheureusement, de représentants officiels du ministère de la Culture, pour faire de cette grande manifestation un grand rendez-vous culturel de l'Algérie des couleurs. L'envie de réussir ce grand rendez-vous pour le rendre et l'imposer comme une destination privilégiée et commandée à chaque fin d'année, a fait oublier aux conquérants des différents prix mis en course l'aspect compétitif du festival. N'est-ce pas un signe de valeur intrinsèque mis en avant en pensant à l'intérêt général dans le sillage de la réussite collective? Ce sont les moments forts qui marquent cette grande manifestation culturelle. A entendre la quasi-totalité des participants «peu importe ce prix qu'on a pu arracher grâce à nos efforts et notre travail de recherche à l'instar des autre troupes, l'essentiel c'est l'institutionnalisation de ce grand rendez- vous de la chanson et de la musique amazighes. Notre envie de réussir cette première édition nous a fait oublier la fatigue de quelque 2 300 km de route depuis Béjaïa, j'espère que ce festival sera maintenu chaque année et pendant la même période, car la population locale de Tamanrasset, en quête d'un développement local durable en a vraiment besoin», nous a déclaré Abdelhak dit Bihik du groupe éclipse de Béjaïa qui s'est adjugé le 2e Prix de la chanson et de la musique modernes, à côté du groupe Dihia de Khenchela et Tassili de Tamanrasset qui se sont adjugé respectivement le 1er et le 3ème Prix. En outre, si la 1re édition du Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes que la capitale de l'Ahaggar a abrité et qu'elle devrait abriter chaque année, à la même période, a tenu toutes ses promesses au regard des moyens disponibles, avec des hauts et des bas en matière de préparation et d'organisation d'une part, elle a fait oublier les déboires quotidiens des autochtones sur le plan économique, social, culturel, et de la santé...En effet, la vaste superficie de la wilaya a rendu le secteur de la santé morose et souffrant le martyre faute de moyens, d'infrastructures et de médicaments pour une population vivant en-dessous de la moyenne nationale du seuil de pauvreté, d'une part, et sur le plan économique, d'autre part. En effet, la capitale de l'Ahaggar meurt à petit feu depuis l'annulation de plusieurs rendez-vous économiques à l'instar de l'Assihar, un moment d'échange entre les deux rives frontalières. Par ailleurs, le festival qui a pour objectif la promotion et le développement de la chanson et de la musique amazighes et la rencontre des différentes cultures et traditions du pays, facteurs importants sur le plan du développement socioculturel et économique, selon les avis recueillis auprès des citoyens avertis et clairvoyants de cette wilaya du Grand Sud algérien, nécessite plus de moyens et matériels et d'encouragements pour faire de cette région un rendez-vous culturel annuel incontournable. N'est-ce pas là un moyen de booster le developpement local?