Le « sursaut sécuritaire », imposé par la recrudescence du terrorisme, fait désormais table rase des divergences stériles qui ont jusque-là empêché la nouvelle Tunisie, présentée en modèle de transition démocratique pacifiquement accomplie, de disposer légitimement d'un arsenal légal pour mener la « lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent ». Sur les cendres fumantes du double carnage du musée du Bardo (22 victimes dont 21 touristes étrangers) et de l'hôtel de Sousse (38 touristes majoritairement britanniques morts), le parlement tunisien entame un débat de trois jours pour entériner un accord en commission entre les principaux groupes parlementaires, notamment le parti islamiste Ennahda et le parti Nidaâ Tounès du président Béji Caïd Essebsi, contractant une coalition gouvernementale à l'issue des législatives d'octobre 2014. Face au péril de Daech, nourri à la mamelle du « printemps arabe » chaotique, notamment en Libye, des mesures draconiennes ont accompagné l'état d'urgence proclamé le 4 juillet dernier, la construction d'un mur de séparation sur la frontière avec la Libye qui sera achevée en octobre prochain, l'interdiction de sortie du territoire pour 15.000 individus et le « coup de filet massif » opéré dans les milieux terroristes pour tarir les filières djihadistes (5.500 Tunisiens) en direction de la Syrie et de la Libye.