Alger a renoué avec l'animation nocturne toute au long du mois de Ramadhan. Jusqu'ici les familles non véhiculées qui ne pouvaient se déplacer hors des limites de leurs quartiers et se limitaient à de petites virées, se sont permis des déplacements dans le Grand Alger. Et cela grâce à l‘Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) qui a mis à leur disposition ses bus de 20h à 1h du matin. Si cette opération revalorise l'image de marque de l'entreprise, des travailleurs crient à l'injustice. En effet, les receveurs de cette entreprise de transport se disent lésés. Ils doivent, dénoncent leurs délégués, chaque jour, sur ordre de leur direction, payer de leur poche la valeur des tickets non vendus. «L'an dernier, on n'avait que trois rouleaux pour la journée et on ne devait verser au contrôleur des recettes que la valeur des billets vendus. Actuellement, nos supérieurs nous imposent de remettre la recette de cinq rouleaux même si on n'a pas réussi à les écouler», nous explique un receveur de la place du 1er-Mai. «On nous impose cette loi comme si c'est nous qui décidons du nombre de voyageurs que nous devons prendre sur notre ligne», a-t-il ajouté. Des fonctionnaires de cette entreprise, pionnière dans le transport public dans la capitale, dénoncent cette mesure qui dure depuis déjà quelques mois. Et dans le cas où les receveurs ne peuvent pas ou ne veulent pas payer «la différence», ils «risquent une sanction de 15 jours de mise à pied». C'est une certitude, puisque d'autres receveurs ont fait savoir que beaucoup de leurs collègues ont écopé de mises à pied pour avoir refusé de payer le prix des tickets invendus. Pis encore ! «D'autres sont suspendus et même menacés de licenciement sans prétendre à leurs droits pour avoir tenté d'organiser un mouvement de protestation», se sont unanimement indignés des receveurs abordés au niveau de la station de bus de la place du 1er-Mai. Pourquoi ces receveurs ont-ils accepté de travailler dans ces conditions ? Les receveurs de la place des Martyrs (8-Mai 1945) ont déclaré que «la majorité des receveurs sont des contractuels et ne peuvent revendiquer leurs droits sous peine d'être licenciés». Nous avons contacté un ancien receveur, fraîchement promu au grade de contrôleur, qui nous dira que «ce sont des instructions de la direction générale et on n'a qu'à les exécuter». Les receveurs sont donc les seuls à supporter ces conditions. Ils sont contraints de vendre durant les quelque sept heures de travail quotidien, cinq rouleaux de tickets d'une valeur globale de 5000 DA. Devant cette situation, les receveurs de l'Etusa affirment qu'aucune sortie n'est possible. Leurs plaintes auprès des directeurs d'unité n'ont rien donné. Par ailleurs, une pétition est en train de circuler ainsi qu'un mouvement de grève pour dénoncer ces mesures auxquelles ils sont confrontés depuis plus de dix mois.