Le nouveau pèlerinage est, par-delà la symbolique du ressourcement, dicté par le défi sécuritaire relevé par le partenaire privilégié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique. Dans une allocution télévisée, le président kenyan, Uhuru Kenyatta, a rappelé, mercredi dernier, la menace des Shebabs lançant, en représailles de l'engagement du Kenya en Somalie, les « attaques perverses et idéologiques » contre le centre commercial (67 morts) et l'université de Garissa (148 morts). « Nous les avons combattus sans relâche et ils savent, comme nous, qu'ils vont perdre », a déclaré le président kenyan. La « coopération rapprochée », matérialisée par la visite d'Obama au site de l'attentat meurtrier mené par el Qaïda contre l'ambassade américaine en 1998 (224 morts, 5.000 blessés environ), signe un engagement commun conclu dans la participation du Kenya dans la force africaine, l'Amisom, et les frappes américaines effectuées à partir de la base de Djibouti. C'est tout naturellement que la dimension sécuritaire va occuper une place « centrale » dans les entretiens pour conforter le soutien financier et militaire. « Cela montrera que les Etats-Unis sont un partenaire fort, pas seulement pour le Kenya mais pour l'Afrique subsaharienne », a souligné Obama qui entend, outre les relations bilatérales, défendre le « bilan africain » reconnu décevant. Alors que l'Afrique connaît une période croissance, les Etats-Unis, en déclin en termes d'échanges et d'investissement (moins de 1% contre 3,4% pour la Chine), trainent la patte. Ils commercent trois fois moins que la Chine (200 milliards de dollars) et deux fois moins que l'Union européenne (140 milliards de dollars). Ils ne tiennent plus aussi leurs promesses faites notamment par Obama annonçant en vain, il y a 2 ans, une enveloppe de 7 milliards pour améliorer les réseaux électriques de six pays africains. C'est donc à la 6e édition du sommet mondial des entrepreneurs (ou GES – pour Global Entrepreneurship Summit), organisé à l'initiative de la Maison Blanche depuis 2010 et tenu pour la première fois en Afrique subsaharienne, que le président américain va devoir rétablir un flux commercial pourtant en faveur de Washington, il y a seulement 5 ans. Pour tenter de rattraper le retard pris en Afrique, Obama s'appuie sur l'African Growth and Opportunity Act (AGOA–loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), mis en place en 2000, pour impulser les investissements et le commerce en Afrique présenté par Obama, recevant à la Maison Blanche des diplomates, responsables politiques et économiques, et des ONG d'Afrique, comme « un lieu de dynamisme incroyable, où se trouvent certains des marchés les plus en croissance au monde, des gens extraordinaires, d'une résilience extraordinaire ». Vrai : l'Afrique affiche des ambitions de développement en hausse. En Ethiopie où il devra se rendre lundi, le taux de croissance (9,5% par an en moyenne) est l'un des plus forts au monde, a indiqué la Banque mondiale, talonnée de près par le Congo, la Côte d'Ivoire et le Mozambique.