Dans la guerre « contre les groupes terroristes », la Turquie d'Erdogan fait feu de tout bois. En ligne de mire, Daech et le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). La traque de Daech, du PKK et de l'extrême gauche bat son plein. Selon le dernier bilan officiel, 590 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. Parallèlement aux raids lancés contre les positions du Daech en Syrie, les chasseurs-bombardiers F-16 turcs ont mené, à partir de vendredi soir, plusieurs raids contre des installations, camps, hangars et dépôts de munitions du PKK dans les monts Kandil, dans l'extrême nord du territoire irakien. Ces opérations ont fait un mort et 3 blessés dans les rangs du PKK. De facto, la trêve conclue en 2003 est rompue. « La terreur et la violence exercées par le PKK ont empoisonné le processus de paix », a accusé le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan. Pour le PKK, Erdogan veut « mettre le feu au pays afin d'obtenir les pleins pouvoirs », près de deux mois après des élections législatives où son parti à perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans. Dans cette guerre tous azimuts qui, selon le professeur David Romano de l'Université d'Etat du Missouri, vise « plus le PKK que Daech », l'escalade a pris une proportion inquiétante. En riposte à l'attentat de Suruç, l'assassinat de deux policiers dans la ville de Ceylanpinar, à la frontière avec la Syrie, a été suivi par un attentat à la voiture piégée qui a fait dans le district de Lice, près de la grande ville de Diyarbakir, 2 morts et 4 blessés dans les rangs de l'armée. Dans cette région à majorité kurde, la tension est à son comble. Elle rythme les manifestations lancées contre le gouvernement d'Ahmet Davutoglu accusé de complaisance avec Daech, même si par souci d'apaisement, le PKK a annulé la « marche pour la paix » antijihadiste, prévue hier après-midi à Istanbul et interdite par le gouverneur. Le basculement stratégique d'Ankara, autorisant en définitive l'utilisation de la base d'Incirlik par les avions américains, a été béni par la Maison Blanche qui a reconnu à la Turquie le droit de « mener des actions contre les cibles terroristes », selon son conseiller adjoint à la Sécurité nationale, Ben Rhodes. Mais, le PKK blacklisté souffre des incohérences de Washington érigeant les Kurdes d'Irak en fer de lance dans la guerre contre Daech et al-Qaïda. Cette approche ambivalente a été légitimement dénoncée par l'Iran qui, tout en accueillant favorablement « la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme », a appelé au respect de la « souveraineté nationale ». Off course : le Daech de tous les alibis programmés en armée de destruction massive des Etas nationaux de la région.