La visite du président américain, Barak Obama, au Kenya et en Ethiopie, cache au moins une chose : des enjeux économiques. Cinq des dix économies à la croissance la plus rapide au monde, selon The Economist, sont en Afrique.« Je voulais venir ici parce que l'Afrique va de l'avant. Le taux de croissance de l'Afrique est l'un des plus robustes au monde. Les gens commencent à sortir de la pauvreté, les salaires augmentent, la classe moyenne s'élargit, et des jeunes comme vous embrassent les technologies pour changer la façon dont les Africains font des affaires », se réjouit le président américain. Et de poursuivre : « l'Afrique est un lieu de dynamisme incroyable, où se trouvent certains des marchés les plus en croissance au monde, des gens extraordinaires, d'une résilience extraordinaire. Ce continent doit être un futur centre de la croissance mondiale, et pas seulement au service de la croissance africaine ». Obama plaide ouvertement pour une nouvelle dimension dans les relations entre les Etats-Unis et les pays africains. Comme lors son premier périple africain, qu'il a débuté en 2009 par le Ghana, l'Afrique du Sud et la Tanzanie par un discours resté célèbre : « l'Afrique a besoin d'institutions fortes et non d'hommes forts », le dernier n'a concerné que deux anciennes colonies britanniques : le Kenya, le pays de son père qui serait, dit-il « à la croisée des chemins » et qu'il a invité à « tourner la page du tribalisme et de la corruption », et l'Ethiopie, d'où il prononcera demain un discours au siège de l'Union africaine (UA), une première pour un président américain. Depuis le Hall Nelson Mandela, il annoncera le maintien de l'engagement qu'il a pris lors du sommet USA-Afrique en août 2014. Au moment où l'Afrique est secouée par des crises, du Burundi au Soudan du Sud en passant la Centrafrique, la société civile attend d'Obama qu'il pousse l'UA à s'impliquer davantage dans le respect de sa propre charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance. « La majorité des conflits en cours sur le continent sont liés aux questions de gouvernance politique », estime Désiré Assogbavi, représentant d'Oxfam auprès de l'UA. Le président de la première puissance économique et militaire du monde veut freiner l'avancée des nouveaux pays émergents (Chine, Brésil, Inde et Russie) et renforcer sa présence économique et militaire sur le continent. Le commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique s'est établi, en 2014, à 73 milliards de dollars. Celui entre la Chine et l'Afrique dépasse 200 milliards de dollars par an et celui avec l'Union européenne atteint 140 milliards de dollars. Les diamants africains, les réserves d'uranium, les métaux rares et les combustibles fossiles attirent du monde et comme l'aide économique de l'Ouest « vient avec nombreuses conditions », les Africains commencent à privilégier les prêteurs qui ne « dictent pas ce qu'il faut faire ». Pourquoi le choix de ces deux pays, le Kenya et l'Ethiopie ? Ils sont certes en guerre contre les shebabs en Somalie et dans la Corne de l'Afrique avec des contingents de milliers d'hommes au sein de la force de l'Union africaine en Somalie, mais ils ont aussi et surtout des arguments économiques attractifs pour les investisseurs américains et les 200 hommes d'affaires qui l'accompagnent.