ALGER - La mobilisation de la communauté internationale, Union africaine (UA) et ONU en tête, s'est accrue ces derniers jours en faveur des victimes de la pire sécheresse en 60 ans qui sévit dans la Corne de l'Afrique en particulier en Somalie, où la famine risque de s'aggraver. Pour venir en aide aux populations touchées par la grave sécheresse qui affecte cette région où des dizaines de milliers de morts ont été déjà enregistrés, l'UA a annoncé qu'elle allait organiser, le 9 août à Addis Abeba, une conférence consacrée à l'aide humanitaire en faveur des sinistrés. Cette réunion regroupera des chefs d'Etat africains, des blocs économiques régionaux et d'autres partenaires internationaux, selon l'UA qui a demandé, par le biais de son vice-président Erastus Mwencha, au "continent africain, du nord au sud, de sérieusement regarder comment il peut contribuer à soulager les souffrances" des victimes. La réunion de l'UA interviendra après celle tenue le 25 juillet à Rome (Italie) par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) qui a rassemblé les ministres ou hauts représentants des 191 Etats membres de la FAO, d'autres organes des Nations Unies, des organisations intergouvernementales, des ONG et des banques régionales de développement. Jugée "catastrophique" par le Directeur général de la FAO, Jacques Diouf, la situation dans plusieurs pays de la Corne de l'Afrique, notamment la Somalie, exige de réunir 1,6 milliard de dollars qui "sont nécessaires dans les 12 mois et 300 millions dans les deux mois qui viennent", selon Diouf. Par ailleurs, la FAO et le PAM (Programme alimentaire mondial) se sont félicités vendredi de "la très forte mobilisation de la communauté internationale" face à la sécheresse dans la Corne africaine, soulignant la nécessité de mettre en place des solutions de "long terme" garantissant la sécurité alimentaire de la région, et appelant à ce que cette mobilisation "ne doive pas faiblir". Selon les Nations unies, la sécheresse menace 12 millions de personnes au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan, en Ouganda et surtout en Somalie où l'ONU a décrété formellement l'"état de famine" dans deux régions du Sud contrôlées par les insurgés "shebab". Récemment, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a tiré la sonnette d'alarme, annonçant que "les besoins au total sont de 1,6 milliard de dollars pour la Somalie où les enfants et les adultes meurent chaque jour selon un rythme horrible". Pour sa part, l'Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a mis en garde récemment contre une "aggravation" de la situation dans la Corne de l'Afrique, si les donateurs ne financent pas les aides humanitaires nécessaires. Selon le directeur de l'OCHA, Rashid Khalikov, l'agence onusienne a augmenté le montant de son appel humanitaire pour la Corne de l'Afrique à 2,48 milliards de dollars pour sauver quelque 12,4 millions de personnes frappées par la sécheresse. Pour M. Khalikov, la situation en Somalie "est grave et évolue dans le mauvais sens". "Le danger est que la famine se répande à d'autres parties de la Somalie", a-t-il prévenu. Dans ce pays dépourvu de gouvernement central depuis 1991, plus d'un million d'enfants du sud "ont désespérément besoin d'aide urgente", et doivent "être la première priorité" de l'action humanitaire internationale dans ce pays, selon le Fonds de l'ONU pour la protection de l'enfance (UNICEF). La situation en Somalie où des dizaines de milliers de personnes fuient vers les camps de réfugiés aux Kenya et Ethiopie voisins, est aggravée par un conflit armé entre forces gouvernementales et insurgés shebab, qui entrave l'acheminement d'une grande partie de l'aide humanitaire. La sécheresse dans la Corne de l'Afrique a été évoquée, par ailleurs, lors d'une rencontre, vendredi à la Maison Blanche, entre le président des Etats-Unis Barack Obama et quatre chefs d'Etat africains. "La famine due à la sécheresse dans cette région va requérir une réaction d'envergure", a noté M. Obama, en présence des présidents béninois Boni Yayi, guinéen Alpha Condé, nigérien Mahamadou Issoufou et ivoirien Alassane Ouattara, déplorant que la situation n'ait pas encore suffisamment attiré l'attention. Pour sa part, le pape Benoît XVI a appelé dimanche le monde à ne pas rester "indifférent" face à sécheresse et à la famine qui sévit dans la Corne de l'Afrique."Nous ne devons pas être indifférents à la tragédie de la faim et de la soif", a dit le souverain pontife, ajoutant que de nombreuses personnes de la Corne de l'Afrique "souffrent des conséquences dramatiques de la famine aggravée par la guerre et l'absence d'institutions stables". Quant à la Chine, elle s'est déclarée "profondément préoccupée" par l'ampleur de la famine due à une sévère sécheresse dans la Corne africaine" et annoncé, à cet effet, une aide humanitaire d'urgence de 14 millions de dollars aux pays de la région.