Parlez-nous de cette 3e visite en Algérie... J'ai pris part à deux reprises au Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes ( 2013 et 2014), et cette fois-ci dans le cadre du 8e Feliv. C'est toujours avec plaisir que je reviens à Alger. En plus, il y a une grande similitude entre le flamenco et les musiques du Maghreb, des sons communs. On s'inspire de ces sonorités issues d'Alger et d'ailleurs. Je suis très heureux de me retrouver en Algérie pour ce projet avec P'tit Moh. Comment choisissez-vous votre répertoire lors d'un récital ? On est parti avec les programmes de chacun, moi, avec une présentation de la culture flamenca, et P'tit Moh avec la sienne. Ensuite, on joue ensemble des compositions de P'tit Moh ou du répertoire musical chaâbi, et pareil avec moi. En fait, je ne joue jamais le même répertoire musical, surtout que je suis constamment sur des projets différents. A titre d'exemple, je me produis avec l'orchestre symphonique, j'ai composé des musiques de films, j'ai collaboré avec des jazzmen. Cela dit, j'adore la musique classique, la musique du monde, la musique brésilienne. Parlez-nous de votre expérience avec la musique flamenco... Je suis gitan, j'ai baigné toute ma vie dans cette culture. Depuis tout petit, j'entends cette musique. J'ai eu la chance de vivre en Andalousie. j'ai remporté plusieurs prix. Cela m'a aussi permis de voyager à travers le monde, découvrir plusieurs cultures et civilisations. J'ai dernièrement reçu le Grand Prix Ziryab des virtuoses décerné par le Comité international de la musique de l'Unesco lors du Festival international de luth de Tetouan au Maroc. Recevoir ce prix est très encourageant dans mon parcours d'artiste. J'en suis très fier. A votre avis, le flamenco garde-t-il son cachet avec d'autres instruments ? Oui. En général, le flamenco, c'est le chant, la danse et la guitare. Mais, aujourd'hui, cela a évolué, on peut trouver d'autres instruments comme la flûte, le piano, la percussion et autres. Finalement, le flamenco est un état d'esprit qu'on peut très bien associer avec n'importe quel instrument. C'est quoi votre langage commun avec P'tit Moh, vu que vous vous entendez bien ? D'emblée, je dirais jouer avec le cœur. P'tit Moh est un maître dans son domaine. Moi, je connais bien ma culture musicale, c'est important de faire ce travail avec émotion. L'exil vous encourage-t-il à la création ? Foncièrement. Ce qui m'encourage davantage, c'est de voyager beaucoup pour découvrir d'autres cultures et peuples du monde. J'ai cinquante ans aujourd'hui, à travers mon expérience, j'ai envie de dire que tous mes déplacements m'ont aidé à créer mes projets. Peut-on connaître votre agenda ? Je prendrais part avec l'orchestre symphonique de Londres au Festival de Bordeaux. Je participerai ensuite à un festival à Cannes. J'ai un autre concert dans le sud de la France, puis en Suisse. A la rentrée, j'envisage d'entamer une tournée en Chine, en Corée et à Taïwan. Un nouvel album ? Je prépare un live intitulé « Live in China ».