Il y consacre une œuvre romanesque qui tire son essence de cet amour qu'on dit aveugle. Amour d'un non-voyant qui plus est noir, pour une jeune femme obsédée par son complexe physique, par son âge, la trentaine, mais aussi et surtout par la société de pompes funèbres qu'elle a héritée de ses parents. Rien d'attirant, à premier vue, pour dénicher la perle rare. De guerre lasse, elle y consent en découvrant, stupéfaite, l'incroyable sensibilité de ce compagnon qu'elle rencontre, pour la première fois, dans une fête d'anniversaire. « Le fond du roman traite de la société soumise à la dictature de l'apparence. Que ce soit en Occident ou ailleurs, on juge les gens selon leur physique sans chercher à savoir ce qu'elles ont dans le cœur. Vous existez d'abord pour votre physique. Aussi brillant que vous puissiez être, si quelqu'un à côté de vous est plus beau physiquement, vos chances au postulat sont quasiment inexistantes », s'indigne-t-il au cours d'une séance de vente-dédicace tenue samedi dernier à la librairie du Tiers Monde à Alger. Pour exemple, il donne les actualités télévisées où on met toujours à l'écran les plus belles filles, tandis que les journalistes moins esthétiques sont de facto affectées au micro trottoir. Bien que remonté contre la dictature du tape-à-l'œil, Akli Tadjer se défend de faire une vulgate contre la beauté physique, sinon, explique-t-il, un essai sur l'esthétique serait d'un meilleur apport. « C'est une histoire d'amour qui dénonce un ordre établi que je voulais faire », résume-t-il doctement. Roman à succès, « Les Thermes du Paradis » connaît une bonne distribution en Europe (Suède, Italie, bientôt en Allemagne, Russie...). L'auteur, bardé de prix et de distinctions, s'apprête à achever un roman qu'il consacre à la mythique danse du tango. Il y voit l'expression culturelle portée par l'émigration africaine et européenne pour ce grand pays de l'Amérique latine. Fin septembre, il organisera la troisième édition des Escales Littéraires à Alger. Un évènement qui a pour but, dit-il, de mettre en avant des auteurs algériens. Pour la petite biographie, Akli Tadjer est né à Paris en 1954. Romancier et scénariste, il a notamment participé à l'écriture d'épisodes de la série « Maigret », d'après Georges Simenon. Chacun de ses romans a été remarqué par la critique : en 1984, « Les A.N.I. du Tassili » (Le Seuil) reçoit le prix Georges-Brassens avant d'être adapté pour la télévision, « Courage et patience » (Lattès, 2000) est couronné par le Grand Prix du Var ; le prix Maghreb-Méditerranée-Afrique de l'ADELF-Ville de Paris lui a été décerné pour « Le Porteur de cartable » (Lattès, 2002), roman qui a donné lieu à un téléfilm ; enfin, « Il était une fois ? » Peut-être pas (Lattès, 2008) a obtenu le prix de la révélation littéraire des lectrices auféminin.com. Il est aussi l'auteur de « Western » (Flammarion, 2009) et de « La Meilleure Façon de s'aimer » (Lattès, 2012)