« Je n'avais jamais pensé que le genre que je joue puisse enchanter un tel public. Je savais que le public kabyle était un public vif et aimant danser et chanter, mais j'appréhendais sa méconnaissance du genre de musique que je chante. Mais tout de suite j'ai été séduite par ce public réceptif et surtout cordial », nous dit éblouie la chanteuse Souad Asla. Il faut dire qu'il y avait comme une communion entre la scène et la salle. Une salle qui, comme la chanteuse, s'était retrouvée « emportée »par les rythmes que lui ont imposés des musiciens remarquables. Auteur-compositeur et interprète, héritière de la tradition gnawa par Hasna El-Bécharia, "[sa] maman spirituelle", elle a fait revisiter les nombreux titres de son premier album Jawal en interprétant Salamo et Jawal, ainsi que Jabouna. Dans ce dernier morceau, qu'elle a composé à Essaouira (au Maroc) et qui fait partie des premiers textes qu'elle a écrits pour ce disque, elle raconte le périple des Gnawa et leur déportation d'Afrique subsaharienne vers le Maghreb. Souad Asla reprendra également, sur scène Wali, un morceau dans lequel elle chante l'exil et le départ, ainsi que Marchandize, qui critique le monde du show-biz, qui considère les artistes comme une marchandise."On devient une marchandise dans ce monde de show-biz, de vices" dira-t-elle dénonçant les maisons d'édition. « D'ailleurs, mon dernier album je l'ai mis sur le net directement », pour étayer un peu plus son aversion pour ces éditeurs. Suivront ensuite Sahraouia, Zawali ou encore Ifriquia (Patera), un titre dans lequel elle raconte les rêves et les espoirs des harragas, des hommes, des femmes et des enfants qui embarquent pour l'inconnu à la recherche d'une vie meilleure. Le gnaoui (ou diwane, selon l'appellation algérienne) tient une part importante dans l'univers musical de Hasna Asla. Ainsi, l'artiste interprètera Baba Mimoun et Baniya, deux standards gnawa. Pour le final, elle chantera un des titres phares de son album, Aïcha, une reprise du répertoire diwane et gnaoui, revisitée à la guitare électrique, qui garde l'authenticité du morceau original, mais qui lui donne plus d'épaisseur dans le rythme. Un morceau qui créera l'effervescence générale dans le public qui investira la piste de danse et même la scène, pour partager ce moment qui a été d'une grande émotion. En outre, en plus de maîtriser l'art de la chanson, elle maîtrise aussi celui de la danse en proposant de superbes prestations de danse qui enchanteront le public, un public tout conquis, Interrogé quant au succès du genre musical qu'elle chante dans le monde entier où le diwan est invité dans les plus grandes scènes internationales, Souad Asla nous dira : « Certes avec le gospel, le jazz ou le blues, les notes sont décalées mais on reste dans la même sonorité au même titre d'ailleurs que le reggae ou la Salsa, dénotant que toutes ces musiques ont une seule racine, la racine africaine ». Une racine qu'elle chantera avec son tube « Jabouna min soudan ». Suivra ensuite le groupe « Gaada Diwan Béchar » qui offrira, lui aussi, une belle gaada en reprenant des titres de Rabah Deriassa ou encore des chansons du patrimoine culturel, avant de conclure sur son tube Benbouziane d'ailleurs attendu et réclamé par le public. Tout comme Souad Asla, ce groupe a été surpris, pour sa première sortie, par ce public qui était là très réceptif et qui a repris en chœur tous les morceaux joués et chantés. Pour une soirée inédite, ce fut tout simplement une soirée à inscrire en lettres d'or, tant pour les chanteurs que pour le public.