« L'offensive du 20 août 1955 lancée dans le Nord- Constantinois visait à élargir la lutte armée et non pas à desserrer l'étau qu'imposait l'armée colonialiste sur la région des Aurès », ont soutenu des moudjahidine de la wilaya historique Aurès-Nememcha, à Batna. Les mêmes moudjahidine ont affirmé à l'APS, que « des combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) de la wilaya 1 Aurès-Nememcha ont pris part à l'offensive du Nord-Constantinois. Ils étaient 45 selon les uns, 60 selon d'autres sources », ajoutant que « l'initiative venait de Chihani Bachir, placé à la tête de ce qui était encore la zone 1, avec Abbes Laghrour et Adjel Adjoul, en l'absence de Benboulaid, parti vers la Tunisie ». Pour sa part, le moudjahid Mohamed Atsamena, (79 ans), qui fut, dès 1955, secrétaire du groupe de commandos dirigé par Ahmed Azoui puis Medour Azoui, indique qu'il était « présent lorsque le responsable du groupe parti dans le Nord-Constantinois, le moudjahid Mohamed Djeraoui, décédé il y a quelques années à Batna, avait apporté son témoignage sur sa participation à l'offensive du 20 août 1955 et avait raconté dans quelles conditions eut lieu son retour dans les Aurès ». Le même interlocuteur citant ce témoignage destiné alors à l'Organisation nationale des moudjahiddine a déclaré à l'APS que « cette offensive avait consolidé la Révolution dans les Aurès et, probablement, avait été planifiée par Chihani Bachir et Zighoud Youcef », soulignant que Benboulaid, avant d'être arrêté en Tunisie, avait confié à Omar Mestiri, son guide et compagnon, une lettre destinée à Chihani Bachir ». Selon le commandant Amar Mellah, qui a rejoint le maquis dans les Aurès à la suite de la grève des étudiants, lycéens et collégiens du 19 mai 1956, Mohamed Djeraoui avait aussi témoigné que « le groupe des Aurès parti dans le Nord-Constantinois était muni d'une pièce lourde, ses membres, tous ayant une expérience des combats, ont été désignés dans plusieurs points du NordConstantinois ». Ammar Mellah a cité un témoignage du colonel Hadj Lakhdar qui fut chef de la wilaya 1 Aurès- Nememcha, selon lequel Zighoud Youcef lui aurait confié qu'il allait entreprendre une offensive « pour galvaniser les moudjahidine et mobiliser le peuple dans la zone 2, Nord-Constantinois ». Il a, par ailleurs, révélé à l'APS « que la région des Aurès n'était pas soumise à un étau, au sens militaire du terme, puisqu'elle envoyait plusieurs groupes élargir la Révolution dans d'autres régions », ajoutant que « Benboulaid avait fourni de l'armement pour les maquis du Nord-Constantinois et ceux de la Kabylie, entre 45 et 80 pièces ». De son côté, le moudjahid Laroussi Messaoud Ben Mohamed de la localité d'Ouled Moussa, commune d'Ichemoul, dans le massif des Aurès, présent lors de distribution des armes par Benboulaid, la nuit du 1er novembre 1954, soutient que des contacts ont eu lieu entre Zighoud Youcef et Chihani Bachir avant l'offensive du Nord-Constantinois. Elles furent suivies par l'envoi d'armes pour la zone 2, une mission échue à un groupe de moudjahiddine, dont Hafssaoui Belkacem de Khenchela qui est toujours en vie ». âgé aujourd'hui de 96 ans, le moudjahid Laroussi Messaoud Ben Mohamed affirme encore que « la zone 1 était caractérisée par l'intensité des opérations lancées par l'ALN, notamment avec la création du groupe commandos en juin 1955 sous le commandement d'Ahmed Azoui, groupe dont la mission était de frapper l'ennemi en tout lieu et à tout moment, dans la zone 1 ». Le secrétaire de wilaya de l'Organisation des moudjahiddine de Batna, le moudjahid Messaoud Abid a, quant à lui, estimé que « l'offensive du Nord-Constantinois a constitué une étape importante dans l'histoire de la guerre d'indépendance. Elle a prouvé à l'ennemi et au monde entier que le peuple algérien soutenait la lutte armée, Benboulaid avait promis que l'Aurès tiendra une année après le déclenchement de l'insurrection, la zone1 n'a pas été soumise à un étau, la Révolution s'est propagée dans les autres régions ».