Des témoignages brûlants et intimistes, pour rendre un vibrant hommage au maître de la chanson châabi, Boudjemaâ Mohamed de son vrai nom et plus connu sous le nom artistique de Boudjemâa El Ankis, décédé mercredi dernier à l'âge de 88 ans à Alger. Des artistes comme Kamel Hammadi, Abderrahmane El Kobi, Rachid Guetafa, Nassim Baur, Abdelkader Chercham, Abdelkader Chaou, ont témoigné leur affection mais surtout leur affliction quant à sa disparition. Kamel Hammadi, auteur, compositeur et interprète : « C'est un ami de longue date, un grand artiste et un brave homme. Nous nous sommes connus en 1953. J'ai composé toutes ses chansons en kabyles. Nous avons animé ensemble plusieurs galas. Mieux, nos deux familles se connaissent bien. On se voyait souvent, on se respectait aussi. Même s'il imitait parfaitement le cardinal, il a réussi à créer son propre genre musical. » Abdelkader Bendameche, président du Conseil national des arts et des lettres et spécialiste du chaâbi : « Boudjemaâ El Ankis a beaucoup donné pour la musique chaâbi, en apportant son soutien au festival national de la musique chaâbi, vu qu'il était président du jury, en particulier par l'encouragement constant apporté aux jeunes talents. A vrai dire, je le considère, depuis que j'étais jeune, comme un modèle. J'ai eu l'immense chance de travailler à ses côtés au festival national de la musique chaâbi où chaque année il encadrait et encourageait les jeunes talents. Il était très gentil dans son entourage. Sa particularité, il était conservateur et moderne à la fois. C'est pour cela que son œuvre nationale, et culturelle, restera ancrée dans l'histoire. » Abderrahmane El Kobi, interprète de la musique chaâbi : « C'est un artiste qui a beaucoup donné de lui même. Je tiens à souligner qu'il est important de reconnaître ces artistes qui ont énormément œuvré pour la promotion du talent, de la création et de la culture. J'ai appris la triste nouvelle mercredi dernier vers 21h. En réalité, je n'avais pas eu de contact direct avec lui, mes parents m'ont raconté à l'époque que Boudjemâa El Ankis avait animé un récital à l'occasion de ma circoncision. C'est une fierté pour moi. Je garde de lui un artiste modeste, prolifique d'ailleurs il est le chanteur chaâbi qui a plus animé de récitals. » Rachid Guetafa, lauréat du 2e prix au 5e festival national de la musique chaâbi : « C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris sa disparition. C'est quelqu'un qui m'a beaucoup appris. C'est un artiste exemplaire. C'est quelqu'un qui donne sans rien attendre en retour. Il ne lésine pas pour transmettre son savoir et faire profiter ses connaissances. Il adore faire partager son expérience professionnelle aux autres. » Nassim Baur, lauréat du 1er prix du 7e festival national de la musique chaâbi : « C'est un grand monsieur, un précurseur, un repère pour nous. J'ai eu l'immense chance de recevoir de ses mains le premier prix du 7e festival national de la musique chaâbi. Il m'a marqué à vie. Sur le plan professionnel, il était sévère mais très affable, modeste, et constamment à notre écoute. Mieux encore, il assistait au master class et ne s'est jamais absenté des épreuves d'évaluations. C'est un honneur pour moi d'avoir évolué à ses côtés. Je remercie à cette occasion l'ancienne ministre de la culture, Mme Khalida Toumi, pour l'avoir placé à la tête du jury car nous avons énormément appris de lui. » Abdelkader Chercham, interprète de la musique chaâbi : « Certes, l'homme n'est plus de ce monde mais son nom restera gravé à jamais dans la mémoire collective nationale, grâce à son riche patrimoine musical légué à la postérité, outre d'avoir formé et aidé une génération d'artistes émérites, qui se chargeront de prolonger l'œuvre du maître disparu. » Abdelkader Chaou, interprète de la musique chaâbi : « L'Algérie perd en la personne du regretté Boudjemâa El Ankis un ami et un grand artiste. Il demeurera à jamais gravé dans la mémoire des Algériens. La tristesse qui nous submerge n'a d'égale que l'estime et la considération que nous lui avons toujours portées. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. »