Antonio Conte a pris les commandes de la sélection italienne le 4 septembre 2014. C'était il y a un an, et sa première s'était soldée par une victoire contre les Pays-Bas. Mais depuis, la Squadra Azzura peine à convaincre les observateurs. Avec six victoires, quatre nuls et une seule défaite (en amical), l'Italie, qui occupe la tête de son groupe avec la Croatie, n'a pourtant pas failli sur le plan des résultats, mais ce bilan comptable correct n'occulte pas les difficultés rencontrées pour assurer la transition générationnelle de cette nation, après une Coupe du monde ratée au Brésil. Conte a déjà utilisé deux systèmes depuis sa prise de fonction : le 3-5-2, sa signature à la Juve, a progressivement laissé place à une formation remodelée dans un classique 4-3-3 pour optimiser la qualité des profils qu'il a sa disposition. Au total, 55 joueurs ont été appelés, 44 ont été utilisés. Ces chiffres mettent en exergue l'instabilité actuelle de la Nazionale, qui cherche des certitudes dans son secteur offensif, notamment. La défense, elle, bouge un peu moins. Darmian est le seul joueur à avoir disputé l'intégralité des rencontres de qualifications pour l'Euro 2016, et il est suivi de près par Bonucci et Buffon (6 apparitions chacun), puis Chiellini et Marchisio. Des tauliers que Conte connaît parfaitement après son expérience à la tête de la Vieille Dame. Une attaque qui ne fait pas rêver Devant, c'est donc beaucoup plus compliqué. Simone Zaza a fait illusion au début de la campagne d'éliminatoires, mais son statut de probable remplaçant à la Juve peut compliquer les choses et Pellé, avec ses deux buts en cinq apparitions, a pris le relais. Cette course pour le poste d'avant-centre semble encore très ouverte. Et sur les côtés, c'est le flou total. Candreva a prouvé encore une fois qu'il constituait la solution la plus fiable, mais Conte ne lui offre pas de garanties. De Gabbiadini à Eder, d'El Shaarawy à Insigne, aucun joueur ne se dégage dans l'animation offensive de la Squadra. Au milieu de terrain, enfin, le panorama n'est pas forcément plus clair : contre Malte, Pirlo n'a fait que sa troisième apparition dans cette campagne de qualifications, tandis que Verratti, Bertolacci, De Rossi et Parolo ont enchaîné les rencontres. Le cas de Verratti, justement, a longtemps interpellé. Le tandem qu'il consitue avec Pirlo, à défaut d'incarner l'avenir, offre certaines garanties aujourd'hui pour la sélection, mais la gestion de Conte pour le petit italien du PSG n'a pas été exemplaire. Verratti est universellement reconnu comme l'un des meilleurs milieux de terrain en Europe, mais Conte ne souhaite pas vraiment lui confier les clés du jeu. Le talentueux milieu a un rôle plus restrictif avec la sélection italienne par rapport à son champ d'action à Paris. Un vivier qui manque de talents L'Italie devra pourtant miser sur son plus grand talent parce que les gros potentiels ne courent plus les rues. Verratti concentre, avec le caractériel Domenico Berardi, les espoirs d'une nation qui n'a plus le même vivier que ses voisins européens. En comparaison, les centres de formation allemands, espagnols ou français sont beaucoup plus fructueux. Ce contraste offre d'ailleurs une toute autre marge aux Bleus pour l'avenir, avec des joueurs comme Pogba, Varane, Kondogbia, Fekir ou Martial, qui évoluent déjà dans de grosses cylindrées. Derrière cette problématique inhérente au football italien, Antonio Conte essaye d'utiliser d'autres ressorts pour booster la sélection. Sa gouaille de meneur d'hommes est un de ses atouts, mais même sur le plan de la fameuse grinta, qui caractérisait le bonhomme sur le banc de la Juve, Conte ne parvient pas vraiment à convaincre. Cette Italie terne va donc devoir compter sur une organisation parfaite, avec de la cohésion et de la discipline collective, pour être compétitive en France l'année prochaine. Par le passé, ces ingrédients ont souvent défini sa philosophie. Aujourd'hui, c'est un style qu'elle ne choisit plus.