L'exception allemande mobiliste, de Francfort à Munich, des armées de volontaires qui se préparent à recevoir comme il se doit les damnés des guerres néo-coloniales. « Les gens nous traitent tellement bien ici, ils nous traitent comme des êtres humains, ce n'est pas comme en Syrie », a confié, les larmes aux yeux, Mohammad, un réfugié de 32 ans de la ville syrienne dévastée de Qousseir. Dans une Europe divisée en Est, tournant le dos au drame des réfugiés, et en Ouest, affichant une meilleure solidarité, Berlin s'impose comme la destination privilégiée pour le Irakiens, les Afghans et les Syriens contraints de fuir l'enfer du « printemps arabe » voué à la « daechisation ». Vienne, qui a tendu la main pour répondre à l'urgence signalée des migrants bloqués dans la gare de Budapest-Keleti, n'en peut plus. Elle a déjà averti que l'ouverture de ses frontières pour faciliter le transit ferroviaire vers l'eldorado allemand ne pouvait être que temporaire. Et fait savoir que la solution européenne est fortement attendue pour répondre au défi de l'exode des migrants. « Il n'y a pas d'alternative à une solution européenne commune », a martelé le chancelier Werner Faymann qui a appelé à la tenue d'un sommet européen exceptionnel, « immédiatement » après la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE prévue le 14 septembre à ce sujet. L'Autriche exige que les pays de l'UE se dotent de règles communes concernant l'octroi du statut de réfugié et plaide, comme d'autres pays dont la France, pour la création de hotspots (centres d'accueil et de tri) aux frontières de l'UE. Cette option est rejetée par la Commission européenne. « Nous sommes face à un événement dramatique. La crise est là pour durer », a affirmé la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, à Luxembourg. En attendant, Berlin se taille la part du lion. Elle va procéder à l'assouplissement des règles d'accueil considéré par le parti conservateur bavarois CSU comme « une mauvaise situation ». Mais, en championne de la solidarité européenne, la chancelière Angela Merkel, qui est également confrontée à la colère des mouvements xénophobes, ne veut pas lâcher prise dans un dossier brûlant. Sur les 10.000 migrants présents en Autriche, 8.000 sont arrivés en Allemagne. Des « initiatives solidaires » se font remarquer dans le monde sportif, à l'image du Real Madrid, de la Roma et du Bayern de Munich récoltant et envoyant des fonds de soutien, et de la famille des humanitaire associant Save the Children, le International Rescue Committee et la Croix-Rouge dans de une vaste opération de solidarité. A Vienne, un convoi d'une cinquantaine de voitures particulières s'est formé dans la matinée à la suite d'un appel sur les réseaux sociaux pour tenter d'acheminer des migrants depuis la Hongrie. De son côté, le Haut-Commissariat aux réfugiés a appelé, vendredi dernier, à la répartition d'au moins 200.000 demandeurs d'asile dans l'Union européenne. La question des « quotas » obligatoires, préconisés par Berlin et Paris, sera sur la table des discussions à la prochaine rencontre de la Commission européenne qui veut proposer une répartition équilibrée des 120.000 réfugiés.