Le marché hebdomadaire de Foughala dans la daïra de Tolga, wilaya de Biskra, connaît une grande affluence. Le mouton d'Ouled Djellal reste très prisé. Ce dernier est reconnaissable, nous dit-on, à son corps bien proportionné, à sa forme et à sa grande taille. Les éleveurs sont au rendez-vous. Les clients et les revendeurs aussi. Des citoyens des 48 wilayas ont investi ce marché, affirme le chef du point de contrôle de la RN 46 à proximité du marché, l'adjudant Ali Laâbadlia. Les prix des moutons varient entre 20.000 et 60.000DA pour un bélier « bien costaud », a-t-on constaté sur place. Un des éleveurs nous lance : « Ce n'est pas cher. Les prix sont à la portée des bourses moyennes, le choix existe : un mouton de 60.000 DA est largement suffisant pour une grande famille, un moyen de 34.000 DA pour une famille moyenne et pour un couple avec deux enfants, ce petit de 20.000 DA. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit de la race de Ouled Djellal, c'est le mannequin du cheptel », soutient-il. Deux frères venus de Constantine se disent satisfaits des prix. « On vient d'acheter un bon mouton 58.000 DA, sans cornes mais de bon poids. On vient chaque année à Ouled Djellal, parce que ce marché est unique, irremplaçable », soulignent-ils. Les « mouals » sollicités par certains clients ne veulent pas négocier en ce début de matinée. « Les prix sont abordables. Je ne vends qu'à ces prix, entre 35.000 et 60.000 DA », rétorque-t-il à son interlocuteur. L'éleveur nous expliquera qu'il s'agit de revendeurs. « Ils achètent à 35.000 DA et moins de 60.000 DA pour revendre à Alger à des prix qui dépassent 90.000 DA parfois ». L'occasion est aux bonnes affaires : des agneaux, des brebis, des jeunes caprins, ne dépassant pas les six mois, sont cédés entre 6.000 et 7.000 DA. « Ils ne sont pas destinés à la fête », précise un jeune qui venait d'acheter un petit agneau de 8 mois. « Je suis chômeur et je profite de ces occasions pour gagner un peu d'argent. Je l'achète à 7.000 DA et je le revends à 8.500 DA ». La flambée des prix, les éleveurs s'en lavent les mains. Aïssa, un éleveur, évoque la cherté des aliments de bétail et la spéculation pour expliquer cette inflation. Sur le marché parallèle, le quintal d'orge est vendu jusqu'à 4.000 DA, alors que les spéculateurs avec la complicité du « kherrad » (intermédiaire) se l'approprient au prix ne dépassant pas 1.500 DA le quintal. Aussi, les éleveurs interpellent les autorités afin de mettre un terme à ce trafic qui nuit à la profession. « Comment se fait-il que les spéculateurs se procurent aisément l'aliment de bétail alors qu'ils n'ont pas de carte d'agriculteur ou d'éleveur », pestent-ils. « Nous, les vrais professionnels, nous dépensons pas moins de 10.000 DA pour l'aliment du bétail et 10.000 DA pour la vaccination et le médicament d'un agneau, pour ensuite le revendre de 2.500 à 3.400 DA », relèvent-ils. Les éleveurs évoquent également le problème d'insécurité. « Les vols font des ravages dans les marchés de cheptel qui s'ouvrent à 3h du matin. Aujourd'hui, un citoyen a été délesté d'une somme de 50.000 DA. Nous interpellons les services de sécurité pour renforcer les mesures de protection », insiste Ammar. De son côté, le commandant du groupement de la GN de Biskra indique que des gendarmes de la section de recherches sont déployés en civil au niveau des marchés, des points de vente et des abattoirs. « Tous les éleveurs sont répertoriés au niveau des points de contrôle de la GN et tous les documents, dont le certificat de vaccination, sont contrôlés avant l'accès au marché et à la sortie afin de déjouer toute tentative de vol », note-t-il.