Le couperet est tombé. Dans le premier Conseil des ministres de l'après coup d'Etat tenu vendredi dernier à Ouagadougou, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l'origine du putsch du 17 septembre, a été dissout par décret. Il s'agit d'une décision à forte charge symbolique d'autant que le Premier ministre, Isaac Zida, particulièrement visé par les putschistes en adversaire irréductible, a assisté au Conseil des ministres qui a réussi à résoudre la question litigieuse d'une transition minée par les luttes de sérail. L'ombre pesante de ce corps d'élite de 1.300 hommes, considéré comme une armée dans l'armée, ne planera plus sur des institutions qui retrouvent la plénitude de leur fonctionnement et une légitimité entachée par le coup de force du général Gilbert Diendéré voué aux gémonies par un peuple décidé de se battre jusqu' au bout pour défendre les acquis du soulèvement d'octobre 2014 qui a chassé du pouvoir le président en fuite, Blaise Campaoré. Fort du soutien populaire et de la principale revendication de la société civile et de l'opposition, le gouvernement est finalement passé à l'acte. Outre la dissolution du RSP, le Conseil des ministres a effectué une véritable purge. Il a entériné la destitution du ministre délégué à la Sécurité, Sidi Paré, soupçonné de collusion avec le Conseil national pour la démocratie (CND) institué par le général putschiste, Diendéré, la mise à l'écart du chef d'état-major particulier de la Présidence, le colonel-major Boureima Kere, ancien aide de camp de Blaise Compaoré et ex-chef du RSP. Une commission d'enquête a été mise en place pour « situer les responsabilités et identifier les auteurs, complices, militaires et civils, impliqués dans la tentative de coup d'Etat perpétrée le 16 septembre 2015 », selon le communiqué du Conseil des ministres. « Sur la base d'un rapport qui doit être remis dans un délai de 30 jours maximum, des poursuites judiciaires seront immédiatement engagées à l'encontre des auteurs et complices », selon le texte. La fin chaotique du général Diendéré et des principaux officiers engagés dans l'épreuve de force signe la fin d'une époque. « Je n'ai pas peur d'affronter (la justice). Je répondrai aux questions qu'on me posera. Je ne vais pas nier qu'il y a eu des morts », a lancé, le 23 septembre, l'éphémère chef du Conseil national pour la démocratie. C'est une fin d'époque pour le puissant corps de sécurité voué au démantèlement. Le processus d'inventaire de l'armement du RSP, dont les hommes seront répartis dans d'autres unités, a déjà commencé. « Cette dissolution du Régiment de sécurité présidentielle ne fait, aujourd'hui, que conformer la réalité du terrain au droit », estime Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen. « Le désarmement de cette unité a déjà commencé et tous les Burkinabè s'attendent à ce que ce corps ne s'occupe plus de la sécurité du président du Burkina Faso. A mon avis, il n'y avait pas d'autres mesures à prendre. Si cette décision n'intervenait pas aujourd'hui, ça allait être très difficile parce que c'était une des demandes fortes après le coup d'Etat ; d'ailleurs, c'était sur toutes les lèvres des manifestants lors des derniers jours. On avait des inquiétudes quant au fait que la transition allait continuer avec à ses trousses le Régiment de sécurité présidentielle ». De nouveau, la transition démocratique sort grandie du bras de fer conclu pacifiquement et sans effusion de sang. Pour la seconde fois, la mobilisation remarquable du peuple burkinabé et de la société civile a constitué le levier de résistance aux tendances dictatoriales. La démocratie burkinabé a vaincu.