La crise migratoire gagne en ampleur avec plus d'un demi-million de migrants et réfugiés arrivés en Europe en passant par la Méditerranée cette année. Il s'agit essentiellement de 54% de Syriens et 13% d'Afghans qui forment le gros du contingent des nouveaux desperados fuyant l'enfer des guerres néocoloniales imposé par l'Occident au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Libye) et en Afghanistan. Malgré les efforts titanesques de recherches et de sauvetage du Frontex, la Méditerranée continue d'être la voie meurtrière des migrants en quête d'un eldorado plus virtuel que réel. Pour la seule journée de lundi dernier, plus de 1.000 personnes ont été secourues en Méditerranée, lors des onze opérations distinctes coordonnées par les garde-côtes italiens au large des côtes libyennes. Dans une Europe débordée et divisée sur le partage du fardeau (120.000 demandeurs d'asile), l'étau se resserre davantage sur le peuple des migrants. En première ligne des partisans de la ligne dure, la Hongrie, érigeant des barbelés et décidant de la fermeture de la frontière avec la Croatie, plaide pour des « quotas mondiaux » en réponse à l'appel du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, incitant l'Europe à « faire plus ». A cet effet, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, a souligné que « l'Europe ne (devait) pas être la seule à jouer un rôle dans la gestion de la pression migratoire », à laquelle devaient également être impliqués « les grands acteurs de la politique internationale, qui ont participé aux décisions qui ont mené à la création des zones instables près de notre continent ». Même l'eldorado allemand a viré court. Le bastion de la solidarité s'effondre. « L'état de notre Union européenne n'est pas bon, les fissures de solidarité se multiplient », a lancé, lors du 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) au palais de la Mutualité à Paris, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, inquiet d'une « dangereuse renaissance de sentiments nationaux ». Le temps n'est plus à la générosité flamboyante, Berlin ayant décidé de montrer ses griffes pour indiquer le chemin de retour aux demandeurs déboutés. Au Conseil des ministres, tenu hier, le gouvernement a approuvé des mesures draconiennes sur les conditions du droit d'asile et l'exclusion sans rémission des 3 pays des Balkans de l'Ouest (Albanie, Kosovo et Monténégro) déclarés comme « pays d'origine sûrs » éligibles à la procédure de renvoi. Berlin entend notamment faciliter la construction de nouveaux foyers et donner un plus large pà l'accès aux cours de langue allemande pour les plus chanceux qui se recrutent dans les rangs des Syriens et des Irakiens. L'Allemagne s'attend à accueillir jusqu'à un million de migrants cette année, un chiffre record qui met à mal les capacités d'accueil du pays. La grogne monte. Dans la famille politique de la chancelière Angela Merkel, coupable, selon le secrétaire général d'Amnesty International en Allemagne, Selmin Caliskan, de favoriser « une loi de refus de l'intégration ». Un responsable de l'association de défense des réfugiés Pro Asyl, Günter Burkhardt, a crié à l'« humiliation » pour les demandeurs d'asile privés de chances d'intégration.