Les Soukhoî-34 sont passés à l'action. En adéquation avec la stratégie de lutte contre Daech et « tous les autres groupes terroristes », les premières opérations militaires russes ont été lancées contre le fief du groupe terroriste. Selon le ministère russe de la Défense, les bombardiers tactiques ont frappé notamment un « poste de commandement qui était camouflé à Kasrat Faraj, au sud-ouest de Raqa ». Les provinces d'Alep et Idleb ont été visées. Mais, indique également le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, la périphérie ouest de la ville de Raqa et la région où se trouve l'aéroport militaire de Tabqa, plus au sud-ouest, ont été bombardées, tuant au moins 12 éléments de Daech. Face aux errements de la coalition occidentale et surtout à son impuissance, la campagne russe est partie pour durer « trois à quatre mois », a précisé le président de la commission des affaires étrangères de la Douma (Chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov. Elle concrétise le choix d'une intervention militaire qui marque un tournant décisif dans la longue crise syrienne. Si, jusque-là Moscou s'est totalement mobilisé pour réussir le dur et difficile pari du dialogue entre Damas et l'opposition interne et externe, à l'exception notable de la coalition nationale, la campagne syrienne de la Russie a le mérite de la clarté dans l'identification des cibles intégrant Daech et tous les autres groupes terroristes formant la nébuleuse islamiste soutenue par certaines puissances occidentales, pourtant inscrite pour le cas de Front Nosra dans la liste noire. La légitimité du combat contre le terrorisme international, érigée en credo par les Etats-Unis et assimilée par la France à la « légitime défense », pose la problématique de l'universalité des valeurs perverties par la prévalence de la vision à géométrie variable de l'euro-atlantisme multipliant les ingérences et les interventions en Irak, en Syrie et en Libye. La nouvelle donne russe a chamboulé les plans de bataille de l'Occident. Elle sera nécessairement au cœur de la rencontre du président russe Vladimir Poutine et de ses homologues français François Hollande, et allemand, la chancelière Angela Merkel. « C'est Daech qu'il faut viser et pas d'autres », avait dit le président Hollande à son arrivée hier à l'Elysée. Par delà les divergences sur le rôle du président syrien durant la transition, des discussions sont annoncées « dans les prochains jours » par le secrétaire d'Etat John Kerry. Désarçonné, le sénateur John McCain le clame haut et fort. Il a accusé les Russes d'avoir bombardé des rebelles syriens formés par la CIA.