Dans la nuit du mercredi et tôt le matin, les frappes aériennes russes ont été, selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, « plus intenses que d'habitude ». Elles visent à déloger de la province de Hama (centre) et du sanctuaire d'Idleb (nord-ouest), l'« armée de la conquête », une coalition islamiste composée notamment de la branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front Al-Nosra inscrit, rappelons-le, dans la liste noire des organisations terroristes. Dans la province d'Alep, les positions de Daech ont été pilonnées. Un dépôt d'armes à Mansoura et à Daret Ezza a été détruit. Cette nouvelle offensive a accompagné, selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konachenkov, l'attaque des 12 cibles de Daech, notamment dans la région stratégique de Deir Ezzor (est). Elle se traduit sur le terrain des opérations par une avancée des forces terrestres du régime de Bachar Al-Assad qui, pour la première fois depuis le début de l'intervention russe, ont lancé dans la province clé de Hama un assaut contre les positions du Front Al Nosra. Cette évolution significative intervient au moment où, dans le contexte d'une crispation entre la Russie et l'Otan, l'éventualité d'une coordination américano-russe est envisagée pour éviter tout incident fatidique. A la demande russe, des discussions ont eu lieu la semaine dernière pour que les frappes de la coalition internationale et de la Russie n'aient pas lieu au même endroit et en même temps. L'initiative a été relancée sous forme de propositions américaines pouvant être « globalement mises en place », selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konachenkov. « Le ministère russe de la Défense a répondu aux demandes du Pentagone et examiné en profondeur les propositions américaines sur la coordination des opérations (menées) dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste Daech sur le territoire syrien », a-t-il annoncée, dans une déclaration citée par les agences de presse russes. « Nous essayons seulement de clarifier de notre côté certains détails techniques qui seront discutés aujourd'hui entre des experts du ministère russe de la Défense et ceux du Pentagone », a-t-il précisé. Le précédent du double « incident », qualifié par la Turquie de graves violations de son espace aérien, est à l'esprit et concourt à une meilleure perception de la stratégie de lutte contre ce qui est présenté comme « l'ennemi commun ».