Le palais de la culture Moufdi-Zakaria, Alger, a, dernièrement, abrité, au sein de la bibliothèque, une conférence animée par l'historien et archéologue Abderrahmane Khelifa, autour de son nouveau livre « Béjaïa, Capitale des Lumières ». L'auteur de « Honaïne » évoque la ville de Bougie à travers les époques : médiévale, judéo-musulmane, espagnole et ottomane, colonisation française. La sauvegarde du savoir et du savoir-faire doit se transmettre aux générations futures tant comme source de revenus que comme expression de créativité et d'identité culturelle. C'est par le biais de ce livre que l'auteur aime à penser qu'il peut offrir aux jeunes lecteurs cette transmission afin de maintenir le maillon de cette chaîne. Abderrahmane Khelifa publie, dans ce registre, un livre. « Ce livre nous fait réfléchir sur notre situation actuelle. En voyant les traités de commerce qui étaient faits par les Byzans, les Génois, les Florentins, les Maillerais et les Catalans, on se rend compte qu'il y a une inégalité d'échange qui est la source de notre sous-développement », confie M. Khelifa. A travers sa démarche qui consiste à retracer et à sauvegarder le patrimoine, Abderrahmane Khelifa s'est rendu compte que toutes les villes d'Algérie, qu'elles soient connues ou méconnues, avaient des vestiges qui pouvaient remonter très loin dans le temps. Dans son nouveau livre, Abderrahmane Khelifa revisite la mémoire de la civilisation de Bejaia à travers ses paysages, ses édifices, ses saints et ses lieux. « Avant d'être capitale, Bejaia était occupée par des hommes préhistoriques et, donc, il y avait un substrat historique très profond qui faisait que nous n'étions pas une génération spontanée. En voyant les différentes strates historiques, on se rendait compte que cet Algérien avait des racines qui remontaient à des millions d'années. Bejaïa avait toutes les conditions pour être une grande capitale, une grande métropole. Elle avait l'abri, la mer, l'eau douce, un terroir. Et plus que cela, la vallée de la Soummam qui était tel un cordon ombilical de la région. La vallée de la Soummam a fait vivre et donner à Bejaia tout son lustre. » Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, titulaire d'un doctorat en histoire et archéologie, Abderrahmane Khelifa a fait de nombreuses fouilles, essentiellement sur les sites médiévaux comme Tlemcen, la Qal'a des Béni Hammad, Honaïne... Il a occupé de nombreuses fonctions dans les structures du patrimoine du ministère de la Culture. Il a enseigné à l'Ecole supérieure des Beaux-arts et à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme en post-graduation. Auteur de nombreux articles scientifiques et d'ouvrages collectifs, il a également aidé, en tant que conseiller historique, à la réalisation de nombreux films documentaires (Qal'a des Béni Hammad, Massinissa, Jugurtha, Syphax, Juba II, Tidis, Timgad).