Une délégation palestinienne, menée par le président, Mahmoud Abbas, a pressé vendredi dernier la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, d'enquêter sur des accusations de crimes de guerre israéliens à Ghaza en 2004. En même temps, un dossier sur de récentes « exécutions extrajudiciaires » lui a été remis. Il s'agit du troisième dossier déposé depuis le début de l'année, même si le président Abbas et Mme Bensouda se sont rencontrés pour la première fois depuis l'adhésion de l'Etat palestinien au CPI, en janvier 2014. « C'est extrêmement important d'accélérer ce processus », a déclaré le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, après avoir rencontré la procureure à La Haye, où siège la CPI, stigmatisant l'impunité israélienne de nature à favoriser la politique d'extermination de la population palestinienne. « Nous espérons, dira-t-il, que la Cour conclura bientôt qu'elle a une base solide et assez de preuves pour prouver qu'Israël a commis des crimes de guerre et crimes contre l'humanité. » Le nouveau document remis à la procureure de la CPI fait référence aux « exécutions extrajudiciaires, aux destructions de maisons et punitions collectives, montrant des exemples de cas d'agressions par Israël sur ces 40 derniers jours », a-t-il expliqué. « Nous avons dit (à la procureure, ndlr) qu'il est nécessaire de se rendre dans les territoires palestiniens occupés et ils ont promis qu'ils continueraient à demander l'autorisation de la part des Israéliens », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères palestinien. Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine, Saëb Erakat, a de son côté indiqué dans un communiqué que le dossier évoque également un « nettoyage ethnique » et s'appuie sur « des photos et des vidéos vérifiées », notamment lors de la spirale de violence qui a fait, au mois d'octobre, plus de 60 morts côté palestinien, dont un bébé asphyxié vendredi par des gaz lacrymogènes tirés par l'armée israélienne. Mme Bensouda, qui avait ouvert en janvier un examen préliminaire afin de déterminer si elle dispose d'assez d'éléments pour ouvrir une enquête sur des crimes de guerre commis depuis l'été 2014 durant le conflit dans la bande de Ghaza, a appelé les différentes parties au calme, avertissant qu'une dégradation de la situation pourrait mener « à des crimes à grande échelle », susceptibles de tomber dans la juridiction de la Cour pénale internationale.