Contre toute attente, les rebelles houtis sont passés à l'offensive. Alors que la coalition arabe se préparait à resserrer l'étau sur la ville stratégique de Taëz pour prendre d'assaut la capitale Sanaa, l'effet balancier profite plutôt au processus de reconquête du terrain perdu entamé par les Houtis vers la grande ville d'Aden. C'est dans le nouveau sanctuaire de Lahej, voisine de la capitale du Sud, que les troupes rebelles se positionnent désormais non loin de la base aérienne d'El Anad tenue par les troupes soudanaises de la coalition arabe. Le reflux des Houtis est perçu comme « un réel danger ». Ainsi, après avoir été forcés à quitter, en juillet, Aden et les 4 provinces du Sud (Lahej, Dhaleh, Abyane et Chabwa), à la suite de la vaste offensive aérienne et terrestre, les insurgés ont repris pied dans Damt, la deuxième grande localité de la province de Dhaleh, après l'avoir encerclée pendant des heures et s'être heurtés aux loyalistes, selon des sources militaires. Des combats qui ont fait 16 morts ont eu lieu lieu samedi dernier à Al-Madaribah, à la frontière entre les provinces de Lahej et de Taëz, selon des sources progouvernementales. Les forces loyales du président en exil en Arabie saoudite, Abd Rabbo Mansour Hadi, ont été « contraintes de se retirer de la ville ». La localité côtière de Dhoubab, près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, est également tombée entre les mains des rebelles qui se prévalent d'un avantage stratégique dans cette voie maritime hautement stratégique. Le retour en force des Houtis donne un sérieux coup d'arrêt à l'avancée de la coalition qui entend inverser le rapport de force pour influer sur le processus des négociations pris en otage par le regain d'affrontements. Alors que tout semblait allait pour le mieux pour l'émissaire de l'ONU au Yémen, le Mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, la reprise des combats a mis à nu la fragilité du processus pourtant conforté par l'annonce de la participation in fine du gouvernement et l'acceptation par la rébellion des dispositions contraignantes de la résolution du Conseil de sécurité 2216, prévoyant un retrait des principales villes conquises et la remise de toutes les armes lourdes à l'Etat. L'émissaire veut toujours y croire. Il a annoncé, récemment, qu'il s'attelle aux préparatifs. « Je vais commencer immédiatement à travailler avec le gouvernement, les Houthis et les autres protagonistes pour mettre au point un ordre du jour, une date et un format pour ces négociations ». Il a précisé qu'il sera « bientôt en mesure d'annoncer un lieu et une date ». Il est impératif que le déchirement yéménite prenne fin pour un pays englué dans une crise qui a fait, depuis fin mars, plus de 5.000 morts dont au moins 2.600 civils (700 enfants) et 25.000 blessés, selon l'ONU, et voué à l'errance un peuple durement touché par la guerre d'influence régionale. Qui se souciera enfin de la tragédie humanitaire à huis clos ?