Les affaires de corruption soumises jusqu'à présent à la justice ont été traitées de façon « correcte », a affirmé, lundi dernier, Djamel Aidouni, président du syndicat national des magistrats (SNM) au forum de la radio nationale. Pour mieux gérer ce phénomène, il faudrait que celui qui traite ces affaires, à savoir le magistrat, soit à l'abri de « toute pression ». D'où son appel pour une protection matérielle de ce corps n'ayant pas bénéficié d'une réévaluation de son régime indemnitaire depuis de nombreuses années. Aidouni a salué dans ce cadre la décision contenue dans la première mouture du projet constitutionnel concernant la « protection constitutionnelle du magistrat, lui permettant de déposer plainte devant le conseil supérieur de la magistrature pour toute pression subie durant son exercice ». « Nous sommes le seul corps n'ayant pas recouru à la rue pour revendiquer nos droits. Notre protection matérielle est inférieure à celle appliquée dans d'autres pays. Notre syndicat a de tout temps privilégié le dialogue en refusant la voie de la protestation. L'Etat doit assurer des moyens matériels à tous ses cadres et pas seulement aux magistrats », déclare-t-il. Sur un autre registre, le président du SNM a refusé de commenter le projet de révision constitutionnelle sous prétexte que le texte final n'est toujours pas rendu public. Il a, néanmoins, insisté sur le fait de consacrer le principe de la séparation des pouvoirs en tenant compte des spécificités de chaque pouvoir. Selon lui, l'indépendance de la justice relève de l'indépendance du magistrat devant être indépendant notamment vis-à-vis des justiciables, des lobbies financiers, des partis politiques, et des médias. Concernant la décision de mettre en place un mécanisme indépendant de surveillance des élections contenu dans le dernier message du chef de l'Etat à l'occasion du 61e anniversaire du 1er Novembre, Aidouni a préféré laisser cette question « aux politiques » étant donné qu'il ignore « si oui ou non les magistrats seront impliqués dans ce processus ». Pour ce qui est de la constitutionnalisation de cette instance, il a estimé que cette démarche est normale s'agissant d'une décision nécessitant l'attribution de mécanismes précis dans le cadre d'une loi organique. Aidouni a salué, par ailleurs, les amendements du code de procédure pénale dont l'application est prévue pour janvier prochain, en faisant savoir que les nouveautés contenues dans ce texte sont de nature à assurer une meilleure protection aux justiciables. Il cite à titre d'exemple la possibilité des entreprises publiques à déposer plainte contre de mauvais gestionnaires dans l'objectif de protéger les biens publics, l'instauration du pardon, la protection des témoins et la réduction de la détention provisoire, en instaurant le bracelet électronique. A ce propos, Aidouni, qui estime que cette question a été « amplifiée » par certaines parties, a précisé que la détention provisoire s'avère nécessaire lorsqu'il s'agit de délits dangereux. Interpellé sur le kidnapping, l'invité de la radio nationale a affirmé que cette question se doit d'être traitée « avec délicatesse en impliquant les écoles, et les parents ». « La loi stipule que les ravisseurs encourent de lourdes sanctions allant jusqu'à la peine capitale » en relevant que « l'application de la peine capitale relève des prérogatives du pouvoir exécutif ». Aidouni a précisé que l'Algérie a adopté en 1993 un moratoire sur la non-application de la peine de mort.