Les professionnels de la pêche peuvent désormais acquérir le matériel dont ils ont besoin dans un délai très court et ce, grâce à un décret exécutif promulgué le 29 septembre 2015 qui fixe les conditions et les modalités d'acquisition, d'utilisation et de cession des équipements d'aide à la pêche. Dans une rencontre de sensibilisation et de vulgarisation ce jeudi au niveau du port d'Alger, la directrice de la pêche d'Alger, Zerouki, a tracé les grandes lignes de ce décret aux professionnels de ce secteur. « Désormais, l'autorisation pour l'acquisition de ce matériel ne prendra pas qu'une quinze jours. Et si l'autorisation n'est pas prête, les pêcheurs peuvent se rapprocher des directions de la pêche et le problème sera immédiatement réglé », assure-t-elle. Vu la sensibilité de ce matériel (le sondeur, le sonar, le net sonde et autre scanner), la loi oblige les professionnels du secteur ou les fournisseurs à obtenir l'avis du service national des gardes-côtes et une autorisation d'utilisation auprès de l'Agence nationale de la radio maritime, établie pour une durée de cinq années renouvelable. « Ce décret est un acquis pour nous. Avant, les professionnels n'avaient pas le droit d'acheter par eux-mêmes le matériel. Le fournisseur n'importait que sur commande et ne pouvait acheter plus. Aujourd'hui, non seulement il peut acheter plus que la commande mais importer aussi les pièces détachées. Ce qui signifie qu'un marché va se créer dans ce secteur », estime le président de la chambre de la pêche d'Alger, Ali Bit. Tout en se réjouissant de ce nouveau procédé, les professionnels du secteur ont soulevé, cependant, deux problématiques : la limitation de l'autorisation de l'utilisation du matériel à cinq ans et le sort du matériel en cas de panne. « Que des pièces de rechange soient disponibles, c'est une très bonne chose. Mais si une sonde par exemple tombe en panne et en attendant sa réparation, peut-on emprunter une sonde le temps que l'autre soit réparée ? », se demandent les pêcheurs. A cela, la directrice a répondu que le matériel peut être assuré et qu'en cas de panne, l'assureur pourrait fournir un matériel d'emprunt à son client. « C'est une proposition qui sera soumise à l'administration. Quant à l'autorisation d'utilisation limitée, cette condition est nécessaire car le matériel, vu sa sensibilité, doit être renouvelé tous les cinq ans. D'autant plus, que dans ce secteur, le matériel connaît une évolution très rapide », explique-t-elle. Le président de l'association des plaisanciers a fait part d'une autre préoccupation, dans ce contexte, liée à la sûreté et à la sécurité. « Le GPS est un matériel important pour guider les pêcheurs en pleine mer. Mais l'acquisition de ce matériel nécessite l'ouverture d'une enquête qui prend énormément de temps avant l'obtention d'une autorisation. Il faudrait réfléchir à cette question avec la concertation de tous les pêcheurs », dit-il, conseillant les professionnels du secteur d'acheter des bateaux dotés de GPS et autres matériels qui nécessitent ce type d'enquête. « Car dans ce cas-là, les pêcheurs n'auront pas à faire l'objet d'une enquête mais doivent juste obtenir une autorisation des gardes-côtes pour l'exploitation de ces équipements », indique-t-il. De même que le VHF (radio de communication sans laquelle les bateaux ne peuvent sortir en mer) qui ne peut être renouvelé s'il ne fonctionne plus. Mme Zerouki, tout en reconnaissant que ce sont des problèmes qui se posent réellement, a signalé que le décret exécutif est déjà un grand pas et que les choses peuvent changer. « Nos portes sont ouvertes pour répondre aux préoccupations des professionnels. Mais il faut savoir qu'un matériel sensible comme le GPS et le VHF, impliquent d'autres secteurs, celui de la sécurité notamment. On ne peut décider seuls », souligne-t-elle, invitant les pêcheurs à se rapprocher de l'institut de la pêche et de la chambre de la pêche d'Alger pour bénéficier de formation, à la carte, sur l'utilisation du matériel.