Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a souligné mercredi dernier à La Valette, l'« urgence d'une solution négociée en Libye », tout en appelant la communauté internationale à soutenir activement le processus de paix au Mali. « L'Algérie souligne l'urgence d'une solution négociée en Libye, fondée sur la volonté des seuls Libyens et articulée autour de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de ce pays frère », a indiqué Sellal, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de son intervention au sommet Union européenne-Afrique sur la migration. Le Premier ministre a mis en évidence les causes du mouvement migratoire actuel, notamment l'instabilité politique, les conflits armés, le terrorisme et sa « jonction active » avec la criminalité transnationale, ainsi que la pauvreté extrême dans des régions du continent africain. « Nous appelons également la communauté internationale à soutenir activement le processus de paix au Mali ainsi que les efforts des Etats qui luttent contre les groupes terroristes au Sahel et dans la Corne de l'Afrique », a-t-il souligné, ajoutant que face aux alliances entre criminels et terroristes, l'Algérie « réitère son appel à l'interdiction du paiement des rançons et pour une lutte implacable contre les trafics d'armes et de drogue et la traite d'êtres humains ». « Ce sont là nos seuls et vrais ennemis », a soutenu M. Sellal qui avait expliqué qu'il fallait « admettre que les conditions de précarité sécuritaire, alimentaire et sanitaire qui ont poussé ces centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants dans ces traversées de la mort sont autrement plus atroces et inacceptables ». Il a noté qu'il « se confirme chaque jour encore plus que le terroriste, le trafiquant et le passeur sont souvent la même personne qui exploite les situations de chaos et de déstructuration des Etats pour augmenter les capacités militaires et matérielles, imposer par la terreur des doctrines obscurantistes et jeter sur le chemin de l'exil des millions de personnes démunies et sans défense ». Sellal a appelé dans ce sens à la « responsabilité » de la communauté internationale à « traiter » les causes originelles de la migration. L'Algérie accorde un traitement « digne et humain » aux migrants qui se trouvent sur son territoire et manifeste « régulièrement » des actions de solidarité socioéconomique aux pays d'origine, a affirmé par ailleurs le Premier ministre. « Les migrants ne sont pas des criminels. Ce sont des êtres humains parmi lesquels le nombre d'enfants et de femmes est alarmant. Leur dignité et leur protection sont une priorité et un droit reconnu par les conventions internationales que l'Union africaine s'est engagée à promouvoir dans la perspective du sommet humanitaire mondial de 2016 », a indiqué Sellal. Les politiques restrictives en matière de circulation de personnes ne sont pas productives Relevant l'« importance » qu'accorde l'Algérie au sommet UE-Afrique sur la migration, le Premier ministre a indiqué qu'Alger attend « des décisions à la hauteur des défis humanitaires, politiques, sécuritaires et économiques induits aujourd'hui par la question migratoire ». Pour Sellal, « c'est dans le traitement de ces causes originelles que réside notre responsabilité à tous ». Sellal a estimé, par ailleurs, que le traitement sécuritaire des questions migratoires ainsi que les politiques restrictives en matière de circulation de personnes « ne sont pas productifs », affirmant que la concertation et la coopération dans ces domaines « sont la meilleure voie pour nos deux continents ».