Les travaux de la 25e session de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) ont débuté hier à Johannesburg, avec la participation du Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui représente le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à ce sommet. Placée sous le thème «2015, l'année de l'autonomisation des femmes et du développement en vue de la réalisation de l'agenda 2063», cette nouvelle session du Sommet de l'UA sera marquée par l'actualité que traverse le continent : la situation politique au Burundi, la question des migrants, la lutte contre le terrorisme, le financement de l'organisation ainsi que la situation au Soudan du Sud. Ces questions devraient ainsi prendre une place importante dans les discussions des dirigeants africains. Une session à huis clos avant la cérémonie d'ouverture, a été consacrée à la problématique de la migration et la xénophobie. Le périlleux voyage qu'entreprennent chaque année des milliers d'Africains vers l'Europe et la vague d'attaque xénophobe qu'a connue l'Afrique du Sud ces derniers mois, ont relancé le débat sur l'immigration. Au sujet de l'immigration, M. Sellal a plaidé pour une approche «globale et équilibrée» dans le traitement de la migration. Il a souligné, lors du débat interactif des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union sur le phénomène de la migration, la nécessité de décourager la stigmatisation du continent comme étant à l'origine de ce phénomène global. «La migration illégale a des causes politiques, économiques, sociales, humaines et parfois personnelles qui ne peuvent trouver une solution satisfaisante unique dans une démarche purement sécuritaire», a-t-il indiqué. Le Premier ministre a déploré le fait que la communauté internationale ait délaissé le traitement des «multiples causes profondes» de ce phénomène pour focaliser épisodiquement l'attention sur certaines de ses manifestations et recourir à des mesures d'endiguement. Il a, à cet égard, rappelé que l'Union africaine s'est dotée, à un stade avancé, d'une «stratégie globale» qui prend en considération l'ensemble des facettes liées au traitement économique, politique et social de la migration. Cette stratégie dont l'élaboration a été lancée lors de la réunion d'experts, tenue à Alger en avril 2006, a-t-il poursuivi, prend en charge la question de la migration dans un cadre plus large l'intégrant dans les stratégies de développement ainsi que dans les plans d'action mis au point dans le cadre des partenariats stratégiques de l'UA, notamment avec l'Union européenne. Il a mis l'accent sur l'importance pour les Etats membres de s'engager dans la mise en œuvre de la stratégie de l'Union dans leurs propres politiques de développement, tout en contribuant à promouvoir la position concertée de l'UA sur la migration dans leur interaction avec les partenaires internationaux. M. Sellal a réitéré la nécessité d'une coopération «renforcée» dans la lutte contre toutes les manifestations de crimes transfrontaliers organisés, y compris le trafic d'êtres humains. Il a également souligné l'urgence d'une solution politique à la crise libyenne, précisant, dans ce contexte, que la formation d'un gouvernement de consensus national «aura le mérite de doter la Libye d'instruments susceptibles d'aider ce pays à assumer pleinement ses responsabilités en matière de sécurité régionale comme en ce qui concerne des questions humanitaires pressantes dont celle que constitue le phénomène migratoire transméditerranéen». Evoquant les situations engendrées par les flux migratoires irréguliers, M. Sellal a relevé la gravité des phénomènes de xénophobie et d'islamophobie qui se développent à travers les sociétés européennes, ce qui constitue un terreau pour l'extrémisme et des manifestations de violences terroristes, plaidant dans ce contexte pour le plein respect de la dignité de la personne humaine et de la sacralité de sa foi.