Le sommet euro-africain sur la migration qui s'est tenu à Malte aura traduit une préoccupation profonde devant les cohortes de migrants à la recherche de cieux cléments en Europe, poussés à la fuite par des guerres et des conflits violents. L'image du petit garçon mort sur une plage turque dans le naufrage de deux embarcations transportant des Syriens a choqué le monde entier. Et marqué par là même un début de prise de conscience quant à l'urgence de traiter le phénomène à la racine. Parce qu'affolés aussi par l'arrivée inattendue de dizaines de milliers de réfugiés à leurs frontières, les pays européens sont contraints d'en appeler aux Etats de provenance de ces migrants à l'effet de conjuguer les actions pour contenir la tendance. Le sommet auquel a pris part le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en tant que représentant du président Bouteflika, se sont clôturés par l'adoption d'une déclaration politique et un plan d'action. L'Algérie y a défendu le point de vue selon lequel il existe une relation de causalité entre la migration et le développement. La fixation des populations là où elles sont est tributaire des capacités des pays concernés à répondre à leurs besoins existentiels. Une question qui interpelle l'Europe pour l'amener à se départir de la vision étriquée qu'elle a de l'Afrique considérée seulement comme un comptoir commercial. Et pas un marché d'investissement porteur de richesse et de création d'emploi. Le plan d'action est précisément conçu pour fructifier la solidarité entre les deux continents, en mettant à profit les atouts de développement des pays africains mais aussi en renforçant les cadres légaux de la circulation des personnes pour endiguer l'émigration clandestine. L'approche algérienne mise en avant lors de cette rencontre préconise, d'autre part, que la prévention et le règlement des conflits ne doit pas servir de prétexte à une intervention étrangère dont l'expérience partout où elle s'est produite a exacerbé les crises, voire semé le chaos. Sellal a déclaré à ce sujet que le traitement sécuritaire des questions migratoires ainsi que les politiques restrictives en matière de circulation de personnes ne sont pas productifs. Et que « la concertation et la coopération dans ces domaines sont la meilleure voie pour nos deux continents ». Le dialogue devrait prévaloir aussi dans la question du retour qui doit être volontaire, loin de la pression xénophobe et raciste. Les participants au sommet se sont quittés avec le sentiment qu'aider l'Afrique à se développer grâce à une coopération portée par l'investissement est de nature à favoriser l'émergence de meilleures conditions socioéconomiques et de sécurité. Des facteurs qui contribuent à retenir les populations. Qui dissuaderont les potentiels migrants à rechercher vainement un mythique eldorado. A charge pour les pays d'Afrique à améliorer leur propre gouvernance.