ébranlée par les attentats sanglants qui ont révélé la menace grandissante de Daech, l'Europe met la pression pour conforter sa « réponse » au défi terroriste. A la demande de la France, la réunion extraordinaire des ministres de l'intérieur et de la Justice de l'Union européenne, convoquée hier à Bruxelles, est frappée du sceau de l'urgence pour tenter de rattraper le « temps perdu » dans la lutte contre le terrorisme. Le signal d'alerte a été donné par le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a appelé, dès son arrivée à Bruxelles, l'Europe « à prendre aujourd'hui les décisions qui s'imposent ». Le Vieux continent muscle son arsenal passé à la loupe du PNR (fichier européen des données passagers) longtemps bloqué par des réticences du Parlement européen et « adopté dans les meilleurs délais », du contrôle drastiques des frontières extérieures et une meilleure traçabilité du « retour des terroristes (sic !) » à travers la contribution jugée essentiel du système d'information Schengen. La main de fer de l'Europe du tout sécuritaire institue également, selon les vœux de Cazeneuve, des « contrôles aux frontières à l'intérieur de l'UE » et le durcissement de la législation en matière de lutte contre le trafic d'armes « à l'origine d'un très grand nombre d'actes terroristes ». Une proposition de « révision ciblée » de l'article 7 du Code Schengen, présentée par la Commission européenne, doit passer comme une lettre à la poste. « On doit savoir qui se trouve dans l'espace Schengen », a appuyé le ministre néerlandais de la Justice, Ard Van der Steur. « Il y a un lien très clair entre la sécurité aux frontières extérieures de l'UE et la sécurité à l'intérieur de l'UE », a également plaidé la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, dont le pays ne fait pas pourtant partie de l'espace Schengen. Face aux défaillances sécuritaires dûment constatées dans la terrible épreuve parisienne, l'Europe appelée à faire « encore plus équipe » dan le partage des informations, selon le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano, envisage de se doter d'une agence européenne toutefois rejetée au nom de la préservation de la « souveraineté nationale » par le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. En Etat d'urgence absolue, l'Europe menace d'imploser. Au journal télévisé de France 2, le Premier ministre français, Manuel Valls, a clairement affirmé jeudi dernier que « si l'Europe n'assume pas ses responsabilités, alors en effet, c'est tout le système Schengen qui sera remis en cause ».