Bruxelles se drape du tout-sécuritaire qui souffle sur l'Europe en état de siège. Face à la menace terroriste « imminente », évoquée par le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, la capitale belge a décrété le niveau d'alerte maximal (4 pour la région de Bruxelles et 3 pour le reste) justifié par le risque d'attentats « avec armes et explosifs dans plusieurs endroits de la capitale ». Toutes les stations de métro ont été fermées à la circulation. Les rassemblements ont été interdits. Les grands événements ont été annulés dans les 19 communes. C'est à l'issue de la réunion du conseil national de sécurité convoqué hier par le Premier ministre, Charles Michel, en présence notamment des ministres de l'Intérieur, Jan Jambon, de la Justice, Koen Geens, et de l'Economie, Kris Peeters, que la riposte a été déclenchée pour parer aux urgences sécuritaires imposées par l'arrestation du troisième suspect en relation avec les attentats de Paris. La filière maroco-belge de Daech plombe l'Europe en crise. Un Belge d'origine marocaine, Ahmed Dahmani, soupçonné d'avoir effectué des repérages en vue des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, a été appréhendé dans un hôtel de luxe d'Antalya, par la police turque. Un groupe de 8 Marocains a été expulsé, cette semaine, par Ankara décidant en définitive de fermer « l'autoroute du djihad », selon le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. « Nous ne permettrons pas à Daech de maintenir sa présence à notre frontière », a renchéri cette semaine le ministre des Affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu. « Vous verrez dans les prochains jours », a-t-il solennellement annoncé. Au cœur de la crise sécuritaire, la problématique de la surveillance des frontières a pesé sur de tout son poids sur les travaux des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenn, qui ont affiché leur volonté de renforcer « immédiatement » le contrôle aux frontières extérieures, y compris pour les ressortissants européens ». Le tour de vis, imposé par la France, nécessite « d'ici la fin de l'année » une révision en profondeur du « Code des frontières Schengen », pour étendre le contrôle aux Européens. « Ces contrôles devront être faits à travers la consultation obligatoire des bases de données nationales et européennes telle que le SIS et les bases de données Interpol, qui contiennent des données cruciales sur le signalement des jihadistes et les mandats d'arrêt internationaux », a plaidé Bernard Cazeneuve. Ces changements ne seront efficaces que s'il y a « un meilleur partage de l'information entre les Etats membres et une alimentation en temps réel des bases de données européennes », a-t-il martelé. L'ère Schengen a vécu ?