Deux des kamikazes résidaient à Bruxelles. En Allemagne, un homme a été arrêté avec un véhicule chargé d'armes de guerre. Il devait se rendre en France. C'est à son doigt arraché, retrouvé sur la scène du crime, dans le théâtre du Bataclan, que les enquêteurs ont identifié Omar Ismaïl Mostafa, un des sept kamikazes des attentats de Paris, survenus vendredi dernier. Âgé de 29 ans, ce jeune banlieusard (il est originaire de Courcouronnes, dans l'Essonne, en Île de France et fréquentait une mosquée à Chartres, dans l'Eure-et-Loire) était connu des services de police. Il avait huit condamnations pour des délits de droit commun, inscrites sur son casier judiciaire. Son nom figurait surtout sur l'une des fameuses fiches S qui répertorient les individus susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat. Repéré pour un voyage qu'il a effectué en Turquie en 2013 et pour sa fréquentation assidue des milieux djihadistes, le terroriste n'a jamais été arrêté. Contrairement à l'un des frères Kouachi et à Amedy Coulibaly, impliqués dans les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier dernier, Omar Ismaïl Mostafa n'a jamais été incarcéré et n'a donc pas été radicalisé en prison. Mais, comme eux, il n'a trouvé aucune difficulté à passer de la délinquance au terrorisme. Pour le moment, aucune information précise n'a été révélée sur son parcours. L'enquête n'est qu'à son début. La police et les services de renseignement doivent au préalable identifier l'ensemble des kamikazes qui ont de toute évidence agi de manière concertée, remonter leur filière et réussir à trouver comment la connexion a été faite avec Daech, qui s'est empressé de revendiquer les attaques samedi dans la journée. Le procureur de Paris a affirmé qu'il s'agirait "très probablement de trois équipes coordonnées". Les terroristes auteurs de la prise d'otages du Bataclan auraient évoqué la Syrie, lors de leurs pourparlers avec la police. Selon certains rescapés du carnage qui a eu lieu dans cette salle, un des kamikazes aurait justifié son action par l'intervention de la France en Syrie. Par ailleurs, des sources policières ont révélé qu'un passeport syrien aurait été trouvé à proximité du corps d'un des kamikazes des attaques du Stade de France. Si la piste syrienne n'est pas encore confirmée, la filière belge semble beaucoup plus précise. Des arrestations ont eu lieu à Molenbeeck près de Bruxelles. Ce quartier à forte concentration d'immigrés est connu des services antiterroristes pour avoir servi de fief à un certain nombre de djihadistes comme Mehdi Nemouche, auteur de l'attentat contre le musée juif de Bruxelles en 2014. La police belge qui a agi à la demande de la justice française a arrêté samedi six individus dont un interpellé en pleine rue alors qu'il tentait de prendre la fuite. "Ces arrestations peuvent être vues en connexion avec une voiture Polo noire louée en Belgique retrouvée devant la salle de concert du Bataclan", a déclaré le ministre belge de la Justice Koen Geens, assurant que celui qui a loué le véhicule est Belge. Un avis de recherche a d'ailleurs été lancé dans cette affaire contre un homme contrôlé après les attentats à la frontière franco-belge. En Allemagne, dans la région de la Bavière, un homme d'origine Monténégrine a été interpellé avec des armes de guerre dans son véhicule. Les autorités d'outre-Rhin ont indiqué samedi qu'une adresse en France avait été retrouvée sur un papier dans la voiture et dans son GPS, tout comme huit fusils d'assaut, trois armes de poing et 200 grammes d'explosifs. Pendant ce temps-là, les services de police français poursuivent les arrestations. Six proches d'Omar Ismaïl Mostafa, dont son père, son frère et l'épouse de ce dernier ont été mis en garde à vue. Par ailleurs, une voiture de marque Seat, utilisée dans les attentats, a été retrouvée à Montreuil, à proximité de Paris avec à bord des kalachnikovs. S. L.-K.