Le président Barack Obama, qui a exclu le 10 septembre 2013, l'envoi de troupes terrestres, y compris des missions illimitées comme en Irak ou en Afghanistan, a-t-il décidé d'entraîner son pays dans un conflit ouvert avec l'armée syrienne qui reprend du terrain grâce à l'appui de l'aviation russe ? « Cette décision est une erreur stratégique. Elle risque d'entraîner les Etats-Unis dans la guerre civile en Syrie », prévient le sénateur démocrate Brian Schatz. La Maison-Blanche a donné cette semaine, sans attendre le quitus du Congrès, son feu vert à l'envoi de troupes au sol dans le nord de la Syrie. « Ils sont moins de 50 hommes et ils n'ont pas de mission de combat », déclare dans un point de presse, Josh Earnest, le porte-parole de la Maison-Blanche. Précision de Brett McGurk, l'envoyé spécial du président américain pour la coalition internationale contre Daech : ces militaires seront « équipés pour se défendre », car « il est indéniable qu'ils prendront de réels risques ». Et d'ajouter : « ils assisteront la coalition des forces locales kurdes et arabes qui a déjà mené une opération réussie en reprenant plus de 1.000 kilomètres carrés de terrain dans le nord de la Syrie et en tuant à peu près 300 membres du groupe terroriste ». « Il s'agit à terme, d'isoler Raqa, d'étouffer, d'étrangler le cœur de Daech par de multiples offensives coordonnées au sol, de couper tout accès du groupe à la frontière syrienne, de couper l'axe entre Raqa et Mossoul (Irak), et de reprendre Ramadi en Irak », conclut-il. Ces effectifs pourront-ils augmenter à l'avenir ? La Maison-Blanche ne l'exclut pas. « Je ne veux pas prédire l'avenir », répond Josh Earnest. Dans le cadre de l'effort de guerre, l'armée américaine envisage de déployer incessamment des avions d'attaque au sol A-10 et des chasseurs F-15 sur une base aérienne de la Turquie, voisine de la Syrie. Parallèlement à cet effort américain, la coalition mondiale s'organise. « Nous allons intensifier nos frappes et choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possible » à Daech, prévient François Hollande, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron. Pour convaincre les grandes puissances, le président français qui a fait adopter vendredi dernier par le Conseil de sécurité une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » contre l'organisation terroriste, met les bouchées doubles. Il rencontrera aujourd'hui à Washington Barack Obama, demain à Paris la chancelière allemande Angela Merkel, jeudi à Moscou le présidenr russe Vladimir Poutine, et dimanche prochain à Paris, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, et Xi Jinping, le président chinois. Poutine bouge lui aussi. Il a rencontré hier à Téhéran le guide suprême iranien Ali Khamenei. John Kerry à Abou Dhabi A Abou Dhabi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry a rencontré hier le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohamed ben Zayed Al-Nahyane, le ministre des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane pour évoquer avec eux les efforts à faire pour former une délégation de l'opposition syrienne aux pourparlers de paix avec le régime de Damas. Ces rencontres font partie des efforts destinés à mettre fin à une guerre qui a fait près de 300.000 morts. Réunies à Vienne mi-novembre, une vingtaine de puissances dont la Russie, les Etats-Unis, l'Iran et les pays arabes et européens, se sont fixé comme objectif de parvenir à des pourparlers de paix et à un cessez-le-feu avant le 1er janvier. L'Arabie saoudite, qui soutient certains groupes rebelles sunnites, réunira vers la mi-décembre une coalition d'opposants en exil, de factions armées pour discuter avec le régime. La communauté internationale a-t-elle décidé enfin de régler la crise syrienne après les attentats de Paris et la multiplication des réfugiés ? Les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe, qui sont très impliquées dans la crise syrienne, tiendront le 10 décembre à Ryad leur sommet annuel.