Médias et réseaux sociaux sont devenus des espaces d'expression sur Internet. S'il n'est pas encore majeur, le poids de ces réseaux, tels Twitter et Facebook, dans l'interaction entre journalistes, sources et lecteurs, la progression des usages informatifs et la croissance rapide du nombre d'inscrits préfigurent un support pour l'information. C'est à ce titre que s'est prononcé Sadok Hammami, directeur du Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs, lors d'une conférence organisée à l'Université d'Alger 3.Un aperçu des usages journalistiques des réseaux sociaux montre déjà les potentialités qu'ils recèlent pour l'information à l'avenir : logique de complémentarité d'audience entre médias, espaces d'expression non contraints et usages participatifs entre journalistes et citoyens, fait savoir le conférencier. Autant de nouvelles pratiques informationnelles entre différents publics. Selon lui, ces supports d'expression et de mise en relation avec des publics variés « ne pouvaient rester en dehors de l'activité journalistique ». D'abord parce que les plus connus rassemblent déjà plusieurs millions d'inscrits dans chaque pays et qu'il y a, là, un moyen pour les médias de toucher des publics divers et nouveaux. De plus, ces réseaux donnent des outils faciles d'utilisation pour faire vivre un idéal participatif auquel les internautes aspirent. Enfin, ils sont un lieu de production de propos, documents, données qui peuvent intéresser les journalistes à la recherche de sources renouvelées, d'informations rapides, de captation de tendances. « Le poids des réseaux sociaux dans l'interaction entre journalistes, sources et lecteurs n'est pas encore majeur et décisif », a toutefois rappelé le docteur Hammami. Cependant, ce dernier affirme que la progression des usages informatifs de ces médias sociaux et la croissance rapide du nombre d'inscrits laissent poindre un support d'avenir pour l'information. Le directeur du Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs souligne, par ailleurs, que dans une optique de stratégies de marque, où les contenus sont déclinés sur plusieurs supports pour élargir le lectorat potentiel, les médias sociaux sont un vecteur efficace de diffusion, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Cela se réduit souvent à un simple placard publicitaire annonçant le titre et éventuellement un bref descriptif de ce qui est mis sur le site, sans qu'aucune dimension interactive ne soit recherchée. Les tendances observées, selon lui, leur donnent plutôt raison. Une étude indique que 1,5 milliard des utilisateurs se connectent à Facebook. Ainsi, plus de 47,5 % des internautes interagissent avec réseau. « Les médias considèrent donc les réseaux sociaux dans une logique de complémentarité non pas de contenus mais d'audience », a-t-il expliqué. Dans un autre contexte, certains journalistes utilisent Twitter ou Facebook pour exprimer leur personnalité, leurs goûts (coup de cœur culturel ou coup de chapeau à un confrère, à un reportage), en espérant ainsi être repérés et imposer leur « marque » personnelle. « Il s'agit de conduire une stratégie d'existence sur les réseaux sociaux afin de gagner en notoriété, d'autant plus qu'on est précaire ou en mal d'exposition », annonce le conférencier. Un tel mouvement est connu sous le nom de personal branding (gestion et promotion de sa marque personnelle). C'est donc au journaliste lui-même de se fixer les barrières vis-à-vis de son parcours professionnel. Hammami a nommé, cela, l'autorégulation.