Sur les traces des deux «pays tests» que sont l'Irak démembré et l'Afghanistan en feu et en cendres, Khartoum qui se prépare au «divorce» au forceps entre le Nord et le Sud passe à la trappe du projet impérial imbu de messianisme démocratique et de vertus humanitaires. Le pire est-il à venir ? Car, au-delà de la scission programmée, l'enjeu d'Abeyei et l'avenir incertain du Darfour qui attend son heure regorgent de promesses de pétrole convoitées par les apôtres du «chaos constructif» et du «choc des civilisations» producteurs de fitna en Irak, au Liban, en Palestine, en Egypte et au Soudan. La bulle confessionnelle et le communautarisme débridé sont la chose la mieux partagée dans cette région stratégique (65% des réserves de pétrole) soumise aux exigences des plans de reconquête de Bush à Obama. Héritant de la tristement «mission civilisatrice» de l'époque coloniale révolue, le Grand Moyen-Orient, évoqué pour la première fois sous l'appellation de «remodelage stratégique» par les néo-conservateurs, lors de la réunion, en 2003, de l'AEI (American enterprise Institute) intègre les 22 pays de la Ligue arabe et 5 Etats de l'Asie et se donne pour ambition de promouvoir une ère de paix et de progrès dans une espace de «tyrannie, de désespoir et de colère». Khartoum qui tombe dans les griffes de l'empire prolonge la grande mystification révélée dans toute sa laideur par les fameux ADM (armes des destruction massive) jusqu' à aujourd'hui introuvables et les 935 mensonges de Bush. Une mystification à grande échelle qui invalide pour le moins les tendances philanthropiques de l'Amérique professant les leçons de démocratie, de liberté et de bien-être social. Les questions pertinentes de la Palestine privée injustement de son droit inaliénable à un Etat souverain et le déni sahraoui fondent l'essence de la vision discriminatoire de l'Occident. Ce qui est valable pour la démarche référendaire au Soudan ne l'est-elle donc pas les cas de décolonisation inscrite de longue date dans le calendrier onusien en vertu de la légalité internationale ? La bataille de changement démocratique a cependant le mérite de sortir de sa torpeur «l'homme malade» du siècle impérial. Des réformes imposées ou librement consenties : là est la question qui agite le monde arabe tenu de réussir l'épreuve démocratique ou de vivre la loi du plus fort. La refonte de la Ligue arabe, proposée par l'Algérie, et le chapelet de défis, égrené au sommet de Tunis en matière de liberté publique et politique, de développement scolaire et éducatif, de rythme de croissance évalué autour de 6 à 7% pour répondre aux besoins essentiels des populations… codifient le nouveau contrat de développement indispensable pour sortir du «trou noir» de l'arriération économique, politique et culturelle.