La reconduction au forceps du «dirigeant légitime», souligne la terrible impasse et l'absence d'alternative au chaos ambiant. Propulsé à la présidence, en 2001, l'homme lige de l'Occident est par excellence représentatif du modèle occidental de démocratisation. Le scrutin «vide de sens» s'offre sans conteste en unique alternative à la crise de légitimité au-dedans et en déclin de l'empire drapé de vertus humanitaires et civilisationnelles (sic !) en faillite intégrale, de l'Irak à l'Afghanistan. «C'est arrivé dans d'autres pays. Nous l'avons vu dans notre pays quand, pour diverses raisons, un des candidats décide de ne pas aller jusqu'au bout», tente de justifier Hillary Clinton. Le viol démocratique de l'Afghanistan se satisfait tout aussi bien du profil bas d'un président reconduit sans consultation populaire aucune et des graves manquements aux normes standard ignorés par la communauté internationale. La crise des valeurs affecte le système onusien, volant en éclats à la suite de la grogne de l'Américain Galbraith opposé à toute forme de caution de la parodie électorale du premier tour, et le mode de gouvernance prôné par l'Occident plus soucieux d'assurer la primauté de ses intérêts stratégiques. Pis : en se rendant à Kaboul avant même l'annonce du retrait de Abdallah Abdallah, le secrétaire général de l'ONU a même apporté sa caution à la dérive électorale, considérée par le professeur de l'Université de Kaboul, Nasrallah Stanikzaï, comme étant «la plus grande erreur de la communauté internationale ces 8 dernières années». La reconduction au forceps du «dirigeant légitime», ainsi qualifié par la Maison Blanche dénonçant il y a peu une administration «corrompue, inefficace et peu représentative», souligne la terrible impasse et l'absence d'alternative au chaos ambiant. L'étendue du désastre confine à l'impuissance de la coalition mise en déroute sur le terrain des opérations et piégée par l'absence d'un «gouvernement crédible» garant de la réussite de la nouvelle stratégie américaine qui peine à dégager un consensus. Entre le vide institutionnel et le profil bas de Karzaï affaibli et domestiqué, le choix est fait. «C'est ce que les Etats-Unis veulent dès le départ», souligne un spécialiste. La mascarade peut continuer.