Lors du sommet du G20, la capitale turque a mis en sourdine le débat sur les questions économiques pour se focaliser davantage sur le drame parisien. « L'ordre du jour est maintenant très différent », a reconnu le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lui-même confronté à la menace grandissante de Daech qui a sévi, le 10 octobre dernier, dans ce qui est considéré comme l'attaque la plus meurtrière de l'histoire turque (102 morts, plus de 500 blessés). A son corps défendant, le président turc, enlisé dans le bourbier syrien et accusé par l'opposition de complicité avec Daech, s'est rallié à l'évidence : la main de Daech est solennellement reconnue coupable par le procureur. Une offensive militaire est ainsi envisagée « dans les prochains jours », selon son ministre des Affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu. La menace est toujours présente. A la veille du G20, un kamikaze s'est fait exploser dans la ville de Gaziantep pour confirmer le caractère irréductible de la menace terroriste. D'Ankara à Paris, en passant par les pistes sanglantes de Daech multipliant les attentats en Russie, en Egypte et au Liban, le chamboulement de l'agenda du G20 impose une révision déchirante de la coalition occidentale tentée par les dividendes des « deux fers au feu » qui imposent une frontière fictive entre Daech et une « opposition modérée ». Dans la station balnéaire d'Antalya, transformée en camp retranché pour accueillir hier et aujourd'hui le sommet du G20, la lutte contre le terrorisme se réserve tout naturellement la part belle frappée du sceau indélébile de l'unité et de la solidarité. A la veille du G20, Erdogan est monté au créneau pour revendiquer « un combat international », après un entretien avec le chef de l'Etat chinois, Xi Jinping, qualifiant le terrorisme d'« ennemi commun de l'humanité ». Il est ainsi question de répondre aux exigences de la « lutte internationale », selon la définition consacrée du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui représentera le président François Hollande. Une déclaration spécifique est prévue à cet effet dans le communiqué final pour traduire dans les faits la volonté de « redoubler d'efforts », exprimée devant la presse par le président américain Barack Obama, à l'issue d'un entretien avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Lors d'une réunion avec les dirigeants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dans la station balnéaire d'Antalya, le président russe, Vladimir Poutine, a appelé à l'union sacrée de la communauté internationale jugée incontournable pour « maitriser la menace terroriste ». A l'ombre de Daech qui fait désormais consensus contre lui, le G20 débattra de la question syrienne, marquée par les avancées de Vienne II décidant d'un « calendrier concret » pour la formation d'un gouvernement de transition dans 6 mois et l'organisation d'élections d'ici dix-huit mois. Mais, il s'agira également de se pencher sur la crise migratoire qui met en péril les valeurs et les fondations de l'Europe assiégée par un afflux massif de réfugiés majoritairement syriens et affichant un deal avec la Turquie réclamant « plus de soutien ». A deux mois de la conférence de l'ONU sur le climat à Paris, il est attendu que le G20 participe au renforcement du consensus international pour la concrétisation d'un accord final pour la réduction des gaz à effet de serre. Dans un monde en pleine tourmente terroriste, la crise économique inquiète également au regard de la persistance du ralentissement de la locomotive chinoise. Antalya se veut dès lors une opportunité pour rassurer le marché mondial et délivrer un « message de confiance ».