La Chine et la France ont signé une déclaration commune sur la lutte contre le réchauffement climatique comportant l'exigence d'une révision des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) tous les cinq ans. La France, organisatrice de la conférence sur le climat (COP21), espère qu'une telle clause fera partie du premier accord universel sur les changements climatiques qu'elle souhaite voir signé en décembre à Paris. La Chine, premier émetteur de GES et chef de file des 134 pays en développement et émergents du G77, dont l'assentiment est crucial, était jusqu'ici réservée sur une telle clause. La France et la Chine promettent dans leur déclaration d'oeuvrer ensemble à la conclusion d'un accord "ambitieux et juridiquement contraignant" avec pour objectif un réchauffement de la planète inférieur à 2°C d'ici la fin du siècle. Or les objectifs nationaux de réduction des GES transmis à l'Onu par 155 des 195 pays participants à la COP21 font envisager un réchauffement de la planète d'environ 3°C, a souligné François Hollande, lors d'une conférence de presse commune avec Xi Jinping à Pékin. "Cette révision périodique est indispensable pour revenir progressivement vers la trajectoire compatible avec la limitation à deux degrés du réchauffement de la planète", a fait valoir le président français. Dans leur déclaration commune, la France et la Chine conviennent que "l'accord de Paris comportera des dispositions permettant aux parties (...) d'actualiser régulièrement leurs contributions déterminées au niveau national". Elles se disent également "favorables à ce qu'une revue complète ait lieu tous les cinq ans sur les progrès accomplis". Elles plaident même pour que soit décidée l'instauration d'un "dialogue facilitateur" permettant de recenser ces progrès dès 2017-2018 et de renforcer la lutte contre le réchauffement avant même 2020.
Conditions du succès La France et la Chine affichent par ailleurs leur entente sur les questions également cruciales du financement de l'adaptation des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique ou de la mise en place d'un marché du carbone. Elles s'engagent enfin à coopérer dans la recherche de technologies et de modèles économiques susceptibles de mettre la planète sur la voie d'un développement sobre en carbone. Les dirigeants français considèrent depuis le début que Pékin est l'une des clefs du succès de la COP21. La signature de cette déclaration, "ne veut pas dire que la conférence de Paris va forcément être un succès", a déclaré François Hollande, selon qui "l'échec est toujours possible". "Mais les conditions du succès ont été posées à Pékin aujourd'hui", a poursuivi le président français. Lutter contre le changement climatique "est un aspect important des efforts de la Chine pour participer à la gouvernance mondiale", a assuré de son côté Xi Jinping. Le président chinois a qualifié la conférence de Paris d'"échéance majeure" et souhaité qu'elle aboutisse "à un résultat global équilibré et ambitieux". Selon François Hollande, Xi Jinping sera présent à Paris la fi du mois en cours pour assister à l'ouverture de la COP21, lors de laquelle au moins 80 chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président américain Barack Obama, sont invités à donner une impulsion politique à la dernière phase des négociations. Le président français a par ailleurs dit sa confiance dans la croissance de l'économie chinoise, qui conserve selon lui des "ressorts puissants" et trouvera des relais dans la transition énergétique et les nouvelles technologies. La Chine est la première étape d'une tournée asiatique qui conduira François Hollande en Corée du Sud, où aucun président français n'est allé depuis 15 ans.
Hollande invite personnellement Poutine Par ailleurs, François Hollande a confirmé hier, en direct de Pékin, son invitation personnelle adressée au président russe Vladimir Poutine à venir à la conférence mondiale de Paris (COP21) consacrée aux changements climatiques qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre. "Je lui ai adressé une invitation personnelle, parce qu'il peut y avoir des différences d'approches sur un certain nombre de sujets, mais sur la question du climat nous devons être unis tous. Les pays mêmes qui sont en conflit doivent se rassembler parce qu'il s'agit des questions qui concernent l'humanité tout entière", a déclaré François Hollande dans une interview accordée à la radio Europe 1. Le Kremlin n'a pas encore donné de réponse précise à la question de savoir si le président russe serait présent à la conférence. Pourtant, le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a certifié que "la Russie sera représentée à un niveau approprié". Le président français François Hollande est arrivé lundi en Chine dans le cadre de sa tournée asiatique. A Pékin, il a rencontré, lundi dernier, son homologue chinois Xi Jinping et signé une déclaration commune qui souligne que les deux pays sont prêts à "œuvrer ensemble" pour parvenir à un "accord global et ambitieux" lors de la conférence sur le climat tenue à Paris. "Oui, l'échec est toujours possible, mais aujourd'hui, je suis confiant, parce qu'un grand pays, la Chine, nous a soutenu, parce que les Etats-Unis sont impliqués dans l'accord, parce que des pays du Sud, des pays latino-américains sont également d'accord", a confié le président français en direct de Pékin. L'objectif principal du sommet parisien tel qu'il est formulé par la France est de ralentir le réchauffement climatique sur la planète. Paris souhaite faire de cette rencontre une plate-forme de discussions internationales et une vitrine du progrès technique en matière de protection de l'environnement.