L'Algérie a joué son rôle de grand voisin soucieux de la sécurité transfrontalière, a estimé, hier, l'amiral Jean Dufourcq, docteur en sciences politiques, directeur des études à l'Institut de recherche stratégique à l'Ecole militaire de Paris. Présentant une réflexion sur les enjeux stratégiques au Sahel et en Afrique du Nord au forum de la DGSN, il a estimé que la « sécurité transfrontalière a été sous estimée », citant le cas du Mali, en rappelant les efforts de l'Algérie pour combler cette lacune. « Des efforts importants ont été effectués, notamment la signature de l'accord de paix en Algérie », a-t-il soutenu. Le rôle de l'Algérie a été mis en exergue par le conférencier qui a signalé qu'« elle a joué son rôle de grand voisin soucieux de la sécurité des pays limitrophes », ajoutant que l'Algérie a toujours respecté les frontières politiques des pays. « Pour la diplomatie algérienne, il s'agit de lignes rouges, ce qui explique son refus d'intervenir militairement dans les champs de bataille », a-t-il noté, en soutenant la justesse de cette position. « On voit les conséquences désastreuses de l'intervention en Libye. » Toutefois, l'officier supérieur a plaidé pour la mise en place d'une force mobile multinationale pour faire face au problème de non-poursuite au-delà des frontières des groupes terroristes. Ne s'agit-il pas d'une forme d'ingérence ? Réponse de l'amiral Jean Dufourcq : « L'art de la guerre est le mouvement. Il est impératif aujourd'hui d'agir collectivement et ne pas rester indifférent à la situation d'un pays voisin. Il faut bouger en permanence pour faire face à l'interconnexion dans les espaces vides et inoccupés. » En outre, le conférencier a estimé que les pays du Sahel ne sont pas les principaux théâtres des affrontements, mais des espaces qui les subissent. « Les conflits entre tribus sont généralement alimentés de l'extérieur », a-t-il rappelé. Mais pour le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, la sécurité des frontières exige aujourd'hui d'intégrer d'autres critères dans le dispositif mis en place. « Il est temps d'intégrer les dimensions politique, sociale et économique, notamment la normalisation des relations, l'harmonisation des échanges et la circulation des personnes au niveau des frontières », a-t-il soutenu. Le général-major Hamel a rappelé que la sécurité de la région nécessite la conjugaison des efforts et des voies économiques, militaires et sociales pour atteindre un objectif politique. Il a déclaré en ce sens que le mécanisme de coopération policière Afripol tiendra sa première assemblée générale en Algérie les 13 et 14 décembre. « Cette structure de coopération africaine est de nature à donner une nouvelle impulsion à la formation et à la qualification des corps de la police et à favoriser l'échange d'informations et d'expériences entre les services de sécurité en Afrique », a-t-il assuré.