La commissaire du festival, Zehia Yahi, entourée des membres qui ont sélectionné les films et les documentaires devant être projetés, a révélé, hier, lors d'une rencontre avec la presse, tenue à la salle El-Mougar, les grandes lignes de la programmation. « Nous avons visionné entre 60 et 70 films qui se caractérisent par la diversité des approches et des sensibilités », a-t-elle affirmé. Ahmed Bedjaoui a évoqué, ensuite, la nature de quelques activités, notamment la table ronde autour de la nécessité et de l'urgence d'enseigner le cinéma qu'il présidera avec Guy Chappouillié, qui a ouvert une école de cinéma à l'Université de Toulouse. La seconde table inscrite au programme sera animée par Fadila Mehal. Elle aura pour thème « la jeunesse au cœur du cinéma engagé ». Des hommages seront également rendus à quelques personnes du monde du septième art. Il s'agit de Maâmar Mokrane, membre de l'équipe de préparation des journées, décédé récemment, et de Malik Aït-Aoudia. Le cinéaste bulgare Ganev ne pourra pas être présent à la manifestation, vu son âge avancé. Bedjaoui a évoqué cette figure qui avait filmé la liesse des premiers jours de l'indépendance dans son livre « Cinéma et guerre de libération ». Le coup d'envoi de la manifestation sera donné samedi prochain à 18 h à la salle El-Mougar où seront projetés les films en compétition. L'ouverture officielle sera marquée par le passage des « 18 Fugitives », un documentaire de 75 minutes. Du 12 décembre au 19 du même mois, le public découvrira une dizaine de films de fiction et autant de documentaires en provenance de nombreux continents. « Vingt-quatre heures après, ceux qui n'auront pas pu assister aux projections pourront se rendre à la Cinémathèque d'Alger », a rassuré Mme Yahi. Ancrage dans la souffrance La vingtaine de films sélectionnés offre un panorama varié du monde avec ses luttes, comme en Palestine, au Sahara occidental, et les espoirs et les désillusions des peuples. Ainsi, « Roshmia » de Salim Abu Jabal parle de la souffrance au quotidien d'un vieux couple palestinien en butte à l'expropriation des terres. « Life is Waiting » aborde le quotidien des Sahraouis. « Difret » est un film qui restitue la dure condition d'une fille d'Ethiopie, et « Ady Gasy », la débrouillardise à laquelle ont recours les jeunes à Madagascar. On pourra suivre également un documentaire de 90 minutes sur le destin tragique de Thomas Sankara et les péripéties de « l'œil du cyclone », le tout dernier film, sorti cette année, du Burkinabé Seko Traoré. « L'homme qui répare les femmes » de Thierry Michel traite du viol des femmes au Congo. L'Algérie sera présente à travers deux nouvelles productions. Il s'agit d'« Opération Maillot » du nom du résistant communiste et « Fi Rassi Rond Point » du jeune Hacène Ferhani qui a été récemment couronné aux JCC de Carthage. Il semble avoir séduit Bedjaoui qui parle « d'un air de fraîcheur sur la cinématographie nationale qui a besoin de renouveau ». Sera-t-il encore récompensé par le jury des films présidé par Belkacem Hadjadj ? « Le jury, qui décernera les trois prix (Grand Prix, Prix spécial du jury et Prix du public), sera présidé par un autre nom connu, Mehdi Lallaoui », a précisé Mme Yahi. Interrogée sur l'avenir du festival à l'heure où l'on évoque des restrictions budgétaires, elle dira que pour le moment, « les dépenses sont prises en charge ».