Un tour du monde de la condition humaine à travers des films poignants et récents... Le Festival international du cinéma d'Alger, consacré au cinéma engagé, revient pour sa sixième édition avec une belle fournée de films. Entre fictions et documentaires, une vingtaine de longs métrages est programmée du 12 au 19 décembre à la salle El Mougar d'Alger. Voici un avant-goût exclusif des films en compétition. Côté fictions, l'Amérique latine est présente en force avec Alias Maria, histoire d'une enfant-soldate, du Colombien José Luis Rugeles Gracia et NN, de Héctor Gálvez sur les crimes politiques au Pérou. Toujours en Amérique, Chloé Zhaou s'intéresse au sort des Indiens dans Les chansons que mes frères m'ont apprises. L'Afrique n'est pas en reste avec Zeresenay Berhane Mehari qui dénonce les coutumes rétrogrades en Ethiopie dans Difret. Le FICA sera également l'occasion de voir le dernier film de l'Algérien Okacha Touita, Opération Maillot, qui se présente comme un biopic sur les dernières années de lutte d'Henri Maillot, engagé pour l'indépendance de l'Algérie. L'intérêt du festival est bien de proposer un tour du monde en images à la découverte de cinématographies, souvent méconnues, venues de différents pays. On découvrira par exemple le film Court, de Chaitanya Tamhane, qui nous plongera dans l'atmosphère particulière des tribunaux et les méandres du système judiciaire indien. Georgi Balabanov, réalisateur du Dossier Petrov, nous introduit, quant à lui, dans une affaire très spéciale au cœur des services secrets bulgares, tandis que Grímur Hákonarson raconte une histoire de frères ennemis dans la campagne islandaise avec son film Rams (Béliers). Une grande variété thématique et une recherche esthétique certaine ressortent également des documentaires sélectionnés pour cette édition. On annonce notamment l'excellent film palestinien 18 fugitives, de Omar Shomali et Paul Cowan. Une des particularités de ce documentaire sur une laiterie clandestine durant la première Intifada est qu'il raconte cette curieuse histoire vraie sous forme de film d'animation. Salim Abu Jabala, réalisateur de Roshmia, relate, pour sa part, le calvaire de la vie sous occupation israélienne à travers le quotidien d'un vieux couple de Haïfa qui va être expulsé. Le continent africain est largement représenté avec, notamment, Ady Gasy, de Lova Nantenaina sur le génie de la débrouille à Madagascar et le combat du Docteur Mukwege pour la dignité des femmes victimes des conflits au Congo dans L'homme qui répare les femmes, de Thierry Michel. La réalisatrice brésilienne d'origine coréenne, Lara Lee, témoigne du combat des jeunes Sahraouis dans La vie attend : référendum et résistance au Sahara occidental. Le sixième FICA sera aussi l'occasion de voir enfin le film Dans ma tête un rond-point, de Hassen Ferhani, qui a reçu plusieurs prix internationaux, dont deux Tanit d'or aux dernières journées de Carthage. On se souviendra du parcours d'un grand homme d'Etat africain avec le film de Thomas Cupelin sur Thomas Sankara, charismatique président du Burkina-Faso de 1983 à 1987. Autres personnages charismatiques : Howard Zinn, historien des classes populaires américaines, auquel est consacré le film des Français Olivier Azam et Daniel Mermet, et Victor Jara, chanteur engagé chilien assassiné, dont Elvira Diaz raconte l'enterrement clandestin dans Victor Jara n° 2547. Enfin, un fascinant documentaire du réalisateur chilien Patricio Guzman est également annoncé. Bouton de nacre exhume à partir d'un objet trouvé au fond de l'océan Pacifique des voix de l'histoire chilienne des indigènes de Patagonie aux prisonniers politiques du siècle dernier. La version définitive du programme sera donnée dans une conférence de presse annoncée pour le 8 décembre à la salle El Mougar. Pour rappel, durant la dernière édition, le jury Fiction, présidé par Djamel Bendeddouche, avait attribué le Grand prix au long-métrage de Louise Archambault, tandis que le jury Documentaire, présidé par Mohamed Chérif Bega, avait choisi d'attribuer le Grand prix à Examen d'Etat, de Dieudo Hamadi.