La France et l'Algérie œuvrent à la mise en place d'une alliance dans le domaine du numérique. C'est ce qui ressort des débats du forum algéro-français du numérique organisé hier à Alger. Selon l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, les deux pays doivent travailler « ensemble, main dans la main », en vue de faire face à la menace terroriste. La cybercriminalité est une question importante sur laquelle les experts des deux pays devront échanger leurs connaissances dans l'objectif de définir des mesures de lutte plus performantes. « La cybercriminalité est un sujet important aussi bien pour l'Algérie que pour la France. Nos pays et nos administrations font l'objet de cyber-attaques. Nous avons des ennemis numériques et nous devons les combattre. Ce forum offre des opportunités d'échange d'expériences dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée », a souligné l'ambassadeur. Selon lui, il s'agit de gagner du temps en termes de développement de la numérisation, mais aussi de régulation du numérique. « Il est impératif, a-t-il fait observer, que le numérique soit utilisé à des fins louables », a-t-il relevé. Justement, des experts se sont posé des questions sur la manière de protéger la vie privée des personnes, de garantir l'ordre public en cette ère de numérisation, d'appliquer une loi nationale déjà dépassée par la révolution numérique et d'organiser le commerce électronique qui s'impose de plus en en plus. Me Hind Benmiloud, qui est intervenue sur la veille juridique et le développement de l'industrie numérique en Algérie, a estimé impératif la mise en place d'un cadre d'éthique. « Il y a nécessité de créer une agence de sécurité numérique et de mettre en place une assise juridique pour accéder à l'industrie numérique », a-t-elle précisé. Et d'enchaîner : « au moment où l'industrie peine à se développer, il devient urgent que cette relance ait lieu grâce à l'économie numérique. Celle-ci est une alternative et un relais de croissance auquel l'Algérie doit s'intéresser. » Pour Karim Cherfaoui, DG de Divona (services informatiques), l'économie numérique est un levier important de la croissance. Encore faut-il, a-t-il ajouté, maîtriser les coûts de construction des services, de plus en plus élevés, et d'aller vers des investissements ciblés. Dans cette optique, Bernard Emié a souhaité la signature d'accords de partenariat à l'issue de ce forum. Il a indiqué qu'un accord sera signé prochainement entre les deux pays afin de favoriser les échanges entre jeunes diplômés. En outre, la visite du Premier ministre français à Alger, prévue au mois de février, coïncidera avec l'annonce de la création de start-up dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. De son côté, le secrétaire général au ministère de la Poste et des TIC, Abdelhak Benkrid, a souligné que les chefs d'entreprise des deux pays convergent sur la nécessité d'aller vers des partenariats gagnant-gagnant « pour développer le domaine de l'internet en particulier et la numérisation d'une manière générale », a-t-il souligné. Dans ce contexte, Radia Belberkani, responsable au ministère de la Poste et des TIC, représentant la ministre, a plaidé pour des partenariats « stratégiques », proposant la réalisation de jumelage à travers la création de cyber-parcs. « L'émergence de l'économie numérique ne peut, selon elle, se réaliser que par une volonté politique permettant d'amorcer cette mutation économique et sociale. » Selon elle, la course vers le numérique ne vient pas exclusivement des grandes entreprises, mais des PME, « mieux prédisposées à développer des projets innovants ».