Le dossier libyen, qui fait partie désormais des priorités mondiales, connaîtra-t-il une « impulsion, si possible, décisive » fortement revendiquée par les Etats-Unis et l'Italie à la rencontre internationale de Rome (13, 14 et 15 décembre) ? Le temps des tergiversations et des égoïsmes partisans, balayé par la déferlante de Daech (2.000 et 3.000 combattants locaux, selon l'ONU), trônant à Benghazi et aux portes de Tripoli, est révolu. Le devenir libyen et le destin communautaire des pays de la région, voire l'exigence de stabilité dans le pourtour méditerranéen, imposent une riposte solidaire sans plus tarder dans l'épreuve décisive de la transition et du retour à la vie institutionnelle gravement compromise par le règne des milices et de la loi des armes. Il n'est plus question d'attendre davantage la concrétisation de l'accord onusien pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, conclu en octobre dernier et avalisé par les deux protagonistes qui se sont engagés, selon le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, à signer le 16 décembre. De Tunis où se tenaient des pourparlers sur la Libye, le médiateur de l'ONU, Martin Kobler, saluant les « quelque 40 hommes et femmes courageux qui ont pris des risques considérables pour placer les intérêts de la Libye au-dessus de leurs intérêts personnels, a précisé toutefois qu'il n'y aura pas de réouverture » du texte initial, en s'adressant par vidéoconférence aux 15 du Conseil de sécurité dont la présidente, l'ambassadrice Samantha Power, a délivré un large satisfecit. A Rome, rassemblant les membres du Conseil de sécurité, des pays européens et des pays voisins dont l'Algérie, la seule alternative crédible réside dans le compromis onusien qui a le mérite de traduire un consensus libyen. Il reste seulement de lever les équivoques d'un accord « long et précis » conclu, après 6 mois de négociations, soutenu par la majorité parlementaire aussi bien de Tripoli et de Tobrouk, néanmoins bloqué par les seuls présidents des deux assemblées. Au soir du 16 décembre, un nouveau vote est prévu dans chacune des assemblées pour « résoudre cette crise de l'intérieur » et faire face à la menace de Daech érigée en « urgence absolue ». De Tunis à Paris, en passant par Londres et la Suisse confrontée aux filières de la déstabilisation européenne, la mobilisation planétaire passe inévitablement par l'épreuve de la paix libyenne. « Les Libyens sont très largement unis sur un point essentiel : la Libye ne peut pas et ne doit pas attendre la paix plus longtemps », a martelé l'émissaire onusien, Kobler. « La signature de l'accord, le 16 décembre 2015, doit être suivie d'une résolution ferme et contraignante du Conseil de sécurité », a-t-il lancé.