Le long processus pour une solution politique en Libye a enfin abouti. Les représentants des Parlements rivaux signeront mercredi prochain un «accord politique» parrainé par l'ONU, qui prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale. Les membres des deux camps, réunis hier à Tunis sous l'égide des Nations unies, l'ont affirmé. «La signature de l'accord politique aura lieu le 16 décembre», a dit à la presse Salah el Makhzoum, un vice-président du Parlement de Tripoli. C'est «un jour heureux» et «j'appelle mes collègues à se joindre à ce dialogue libyo-libyen sous l'égide de la mission de l'ONU», a-t-il ajouté. «Après ces longs efforts (...), nous annonçons à notre peuple que nous avons décidé de dépasser cette période difficile. (...) Nous demandons à tout le monde de nous rejoindre», a également déclaré un responsable du Parlement rival de Tobrouk (est), Mohamed Choueib. Prise en effet de court par la signature samedi passé à Tunis d'un accord entre les parties rivales, l'ONU a pu reprendre le dessus. Les mêmes parties se sont rencontrées encore une fois jeudi, mais en présence, cette fois-ci, du nouvel émissaire onusien, qui a tenté de faire avancer le projet contesté de gouvernement d'union parrainé par l'ONU, avant une conférence internationale prévue demain à Rome. «C'est la première fois que je rencontrais l'ensemble des membres du dialogue politique libyen. Durant cette longue session, j'ai senti un consensus (...) sur l'urgence de parvenir à la signature de l'accord», a dit à la presse Martin Kobler, évoquant notamment «l'expansion de Daech» dans le pays. «J'ai également constaté un fort consensus sur le fait de ne pas rediscuter le texte de l'accord car ça serait ouvrir la boîte de Pandore. (...) Oui, tout le monde a des réticences, y compris moi, mais l'accord est sur la table», a ajouté le responsable onusien. Kobler a précisé que les pourparlers devaient reprendre hier, dans le même hôtel de la banlieue de Tunis. «Nous allons définir les messages pour la réunion de Rome. La communauté internationale est très impliquée, en raison notamment de la menace terroriste. Il doit y avoir un gouvernement légitime très prochainement», a-t-il avancé. Jeudi, le ministre des Affaires étrangères tunisien, Taïeb Baccouche, a réaffirmé le soutien de son pays au processus onusien pour le règlement de la crise libyenne. Sa déclaration vient ainsi «dissiper l'équivoque sur les interprétations» qui ont suivi l'annonce de l'accord de principe signé à Tunis par des parties libyennes sans aucun appui officiel des autorités tunisiennes et à l'insu de l'ONU, parrain du processus. La conférence de demain à Rome doit être coprésidée par le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, représentera l'Algérie à la Conférence internationale sur la Libye, à l'invitation conjointe du ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et du secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Outre l'Algérie, participeront également à cette conférence les pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (P5), l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, l'Egypte, la Tunisie, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, l'Union européenne, ainsi que d'autres pays de la région. La conférence intervient à un moment où la communauté internationale accentue la pression sur les parties libyennes en conflit face à la progression de Daech dans ce pays en proie au chaos. Après six mois de négociations, un projet d'accord sur un gouvernement d'union en Libye avait été annoncé début octobre au Maroc. Mais le texte, qui comprend la nomination d'un Premier ministre en la personne de Fayez el-Sarraj, a ensuite été rejeté par les deux Parlements rivaux. Dimanche dernier à Tunis, d'autres représentants des factions libyennes ont en outre signé un protocole d'accord interlibyen totalement distinct du processus onusien. Négociée dans le secret «sans interférence étrangère» selon ses promoteurs, cette «déclaration de principe» prévoit notamment la nomination d'un Premier ministre sous 15 jours. Jeudi, l'émissaire de l'ONU, dont la médiation bénéficie du soutien des grandes puissances, a de nouveau écarté la viabilité d'un processus alternatif, en dénonçant tout «agissement dans le dos des participants au dialogue». La Libye est livrée à des milices armées depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Depuis un an, deux autorités rivales – l'une basée à Tripoli, l'autre reconnue par la communauté internationale et installée dans l'est –, se disputent le pouvoir.