Les touristes étrangers se comptent désormais sur les doigts d'une seule main depuis, particulièrement, 2013 où leur nombre n'a pas dépassé 25 après avoir été 9.866 en 2007. Les nationaux, quant à eux, se font de plus en plus rares. Cette année, le nombre d'Algériens ayant visité Tamanrasset n'a pas dépassé les 33. En 2014, il a atteint les 1.783. La chute est brutale. Pour les professionnels du secteur, la destination Sud coûte trop cher ce qui explique, en partie, le peu d'engouement des nationaux. Ils mettent aussi en avant la cherté du billet d'avion. Ce qui n'est pas faux. Mais qu'en est-il des infrastructures d'accueil ? La randonnée organisée par la direction générale de la Protection civile, à la fin du mois de novembre, n'a pas montré seulement le potentiel touristique aussi énorme qu'extraordinaire de Tamanrasset. Elle a permis aussi de voir de près les lacunes flagrantes en matière de développement du tourisme dans le Grand Sud. L'erreur serait de considérer que le tourisme dans l'extrême sud est itinérant, donc il serait inutile d'investir dans la réalisation d'infrastructures touristiques digne de ce nom. Est-il possible de laisser un tel potentiel livré à lui-même ? Est-il envisageable de voir l'entrée du parc de l'Ahaggar se transformer, sans rien faire, en décharge sauvage ? Est-il pensable de parcourir le massif du Hoggar ou l'Assekrem sans trouver la moindre trace d'une infrastructure touristique capable d'héberger les visiteurs qui y viennent chaque année vivre et admirer le plus beau coucher de soleil au monde ? Excepté le camping des sapeurs-pompiers... c'est le désert. La wilaya de Tamanrasset possède en tout 7 hôtels et 14 campings d'une capacité globale de 1.500 lits. Et la décision de l'Etat de fermer certains sites touristiques à Tamanrasset ne peut expliquer, à elle seule, cette hibernation qui frappe les professionnels de secteur dans le Sud. Et pour cause, certains circuits, à l'image du Tassili et du parc de l'Ahaggar, sont ouverts. Mais les touristes ne se bousculent pas au portillon. C'est dire que la mal est profond et qu'il n'est pas lié exclusivement et uniquement à cette décision de fermeture. Pourtant... Tamanrasset est une région qui recèle d'énormes potentialités touristiques. Elle possède des atouts lui permettant la relance de l'activité touristique et ce, malgré la conjoncture difficile du tourisme international. La région de l'Ahaggar est déjà connue par son patrimoine archéologique, architectural, artistique naturel, susceptible d'être exploité. Ces trésors sont situés, entre autres, à Gueltet Issak Arassen, Aguenar, Imazaghene, Toukmatine, Outoul, Hirafoke, Intakoufi et Aïn Dalaghe. Sans oublier le tombeau de la reine Tin Hinane et d'autres vestiges à Abalessa. En outre, le patrimoine floristique à Tamanrasset compte plus de 300 espèces végétales d'origine saharienne, africaine et tropicale, à l'image de l'acacia radiana, l'armoise et le tamaris. Quant à la faune, on trouve plusieurs espèces de gazelles, guépards, mouflons, vipères, amphibiens, en plus des poissons tels que le barbeau, le tilapia ou le silure. La direction du tourisme ne courbe pas l'échine Le directeur du tourisme de la wilaya, Moulay Abdelkrim, reconnaît que la situation est difficile. Et voir Tamanrasset relever la tête demande des mesures concrètes et opérationnelles. « Nous avons procédé à la signature d'une convention avec les opérateurs, notamment les propriétaires des hôtels et des campings pour qu'ils réduisent de moitié leurs tarifs en matière d'hébergement et de transport », a-t-il fait savoir. A titre d'exemple, il a indiqué qu'une chambre qui coûtait 7.000 DA est proposée à 3.500 DA. Moulay Abdelkrim a mis également en avant la cherté des billets d'avion. Toutefois, le responsable est optimiste pour cette saison touristique. Il a annoncé un flux de touristes, particulièrement des émigrés, pour fin décembre. Reste que pour lui, la vraie solution est d'aller vers des vols charters tout en ciblant la communauté nationale établie à l'étranger. « Les consulats algériens à l'étranger se doivent de jouer leur rôle en contribuant à la promotion du tourisme saharien auprès des Algériens à l'étranger », ajoute-t-il. Pour ce qui est du manque d'infrastructures sur les circuits liant la ville de Tamanrasset aux sites touristiques, Moulay Abdelkrim a tenu à faire la part des choses, soutenant que l'Etat n'« est pas dans son rôle d'investir dans le tourisme des grands espaces ». Il a précisé que les deux assiettes de terrain mises par la wilaya à la disposition des investisseurs à Tamanrasset (45 ha) et Idelés (23 ha) n'ont pas intéressé ces derniers. « L'investissement dans le tourisme des grands espaces, c'est l'affaire des investisseurs privés et non celle de l'Etat », soutient-il. Sur le phénomène des détritus qui jonchent l'entrée des sites touristiques, le directeur du tourisme de la wilaya renvoie la balle aux APC. « C'est leur mission de nettoyer et de veiller à la propreté de ces lieux », a-t-il martelé, non sans rendre hommage aux agences de voyages qui font un travail de nettoyage au niveau des sites.