La consécration de la formation de masse, tel est l'objectif que s'est fixé le ministre de la Communication, Hamid Grine, dans le cadre sa feuille de route. C'est ce qu'il a affirmé, hier, lors d'une rencontre de formation à l'Ecole nationale supérieure de journalisme. Avant de donner la parole à Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes, maître de conférences à l'université libre de Bruxelles, principal conférencier de cette formation, le ministre a tenu à rappeler que le coup d'envoi d'un long cycle de formation a été donné dernièrement à Constantine au profit des professionnels de la presse, ainsi qu'au grand public. Une conférence académique sera animée chaque mois par des conférenciers du domaine et dès janvier prochain, à partir d'Oran, d'autres rencontres seront lancées au niveau des 48 wilayas du pays. Elles seront animées par les directeurs centraux des principales institutions médiatiques nationales et ce dans l'optique de « promouvoir le concept de formation de masse » a-t-il fait savoir, avant de souligner que le choix du thème de la conférence n'est pas fortuit, s'agissant d'une question d'une extrême importance pour les journalistes. Ricardo Gutierrez a focalisé son intervention sur les modalités de lutte contre « le discours de haine », constituant « un nouveau défi pour les journalistes ». Plus que jamais, dira-t-il, « notre société a besoin de médias qui s'inscrivent dans la déontologie et l'éthique. Les réseaux sociaux sont utilisés comme plateforme de promotion de l'extrémisme, à l'exemple de Twitter qui regroupe plus de 50.000 comptes soutenant Daech. Ces mêmes réseaux hébergent d'une façon dangereuse ce type de discours. Parfois, ce sont les journalistes qui en sont la cible. Cela dit, le discours de haine est devenu un problème politique, préoccupant en Europe. Ce qui a poussé certains journalistes à penser à son interdiction d'une façon légale. Cela a vite déclenché des réactions hostiles, sous prétexte que le discours de haine fait partie également de la liberté d'expression ». Comment réagir face à ce genre de discours ? Le conférencier a indiqué qu'il faudra dénoncer les auteurs de ces discours et en faire, pourquoi pas, des sujets journalistiques. La fédération européenne des journalistes a développé dans ce sens un test en cinq questions devant identifier ce discours. En somme, Gutierrez a souligné que le journaliste se doit de se sentir responsable face au discours haineux. Il doit être conscient que la lutte contre la haine fait partie de sa mission. Il a affirmé que la force des journalistes, c'est la déontologie, l'obligeant à parler du discours haineux, mais en le dénonçant. « Cette déontologie, poursuit-il, s'impose à tous les médias quelle que soit leur ligne éditoriale ». Les journalistes, pour leur part, « ne doivent pas accepter tout et n'importe quoi. Ils doivent défendre leurs valeurs fondamentales et ne pas accepter de franchir certaines limites ». En ce qui concerne l'autocensure, le conférencier a reconnu qu'elle constitue un problème fondamental des rédactions. Le conseil de l'Europe vient justement de lancer une étude visant à identifier les ressorts de ce phénomène. « C'est un danger pour la démocratie », dira-t-il, en soulignant que le meilleur antidote à l'autocensure c'est de « dire toute la vérité ». D'après lui, « le journaliste n'est pas un leader d'opinion, mais quelqu'un qui aide le citoyen à se faire une opinion ».