L'espoir de paix yéménite a-t-il encore une fois buté sur la logique de guerre imposée par les protagonistes ? Sitôt proclamée, la trêve de 7 jours censée renforcer le retour à la table des négociations, a connu le même sort que les précédentes initiatives écrasées sous le poids des bombes. L'offensive de la coalition arabe, dirigée par l'Arabie saoudite, et la riposte des rebelles ont enterré la dernière chance de dialogue. En 24 heures, les forces loyalistes ont engagé, dès vendredi dernier, une épreuve de force qui a permis la reconquête des villes au Nord, Hazm, chef-lieu de la province de Jawf, et la province voisine de Marib. Avec la reprise la veille de Hradh, elles ne sont plus qu'à quelques kilomètres du port de Midi, sur la mer Rouge, sous contrôle des Houthis depuis 2010, selon des sources militaires. Cette escalade a ruiné tous les efforts de paix relancés sous l'égide de l'ONU. En riposte, les rebelles houthis ont tiré, vendredi dernier, deux missiles balistiques en direction de l'Arabie saoudite, l'un intercepté par la défense anti-aérienne, dans la province de Marib, et l'autre tombant à Najran, à la frontière. Face à cette énième violation de la trêve, l'absence des représentants houthis aux réunions à Macolin, dans le canton de Berne, se conçoit comme une forme de protestation formalisée par son porte-parole et membre de la délégation, Mohammed Abdel Salam. Le médiateur onusien, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, qui se dit « très inquiet » des « nombreuses violations du cessez-le-feu », tente par tous les moyens de convaincre les parties de retourner à la table des négociations et d'autoriser la reprise « immédiate et complète » du convoi humanitaire chargé de la distribution de l'aide à Taez et dans d'autres villes dans les prochains jours. L'approche diplomatique a été défendue par le président américain, Barack Obama, jugeant « urgent » le respect du cessez-le-feu par toutes les parties, lors d'un entretien téléphonique avec le cheïkh Mansour Bin Zayed Al Nahyan de la famille royale d'Abou Dhabi (Emirats arabes unis dont le pays est un membre engagé dans la coalition arabe). Enlisés dans un statu quo, profitant essentiellement à l'enracinement d'Al-Qaïda, les protagonistes trouveront-ils les ressources nécessaires pour mettre fin à une tragédie dont le peuple yéménite est la principale victime ?