Le bras de fer, qui opposait depuis des mois, le camp de Hariri, qui soutient le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), à celui du Hezbollah, qui accuse le tribunal, basé près de La Haye, d'être «politisé» et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages, s'est terminé hier. Les dix ministres du Hezbollah et de ses alliés ont claqué la porte du gouvernement de Saâd Hariri. Par ce geste, présenté comme une manière de protester contre la mise en examen de certains de leurs membres par le TSL qui enquêtent sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ils enfoncent le pays dans la crise. Le gouvernement, qui ne tenait qu'à un fil après cette démission groupée, s'est effondré après la décision du ministre d'Etat, Adnane Sayyed Hussein, l'un des cinq ministres proches de Michel Sleïmane, le président de la République, de suivre le geste de ses collègues du Hezbollah. Selon la Constitution, le cabinet, qui compte actuellement 30 ministres, s'effondre si plus d'un tiers de ses ministres se retirent. La balle est dans le camp du chef de l'Etat. Les « onze » attendent de lui une décision rapide : former un nouveau gouvernement. Saâd Hariri, en visite aux Etats-Unis, sera-t-il reconduit ? La pression du Hezbollah oppose une démarche réfléchie pour mettre en échec le plan de démantèlement du camp de la résistance, sous le fallacieux prétexte du recours à la justice « à double vitesse » dont le très énigmatique TSL, en manque de crédibilité et changeant de fusil d'épaule en fonction des objectifs stratégique des puissances occidentales, est la preuve incontestable de la partialité et de la politisation dudit tribunal international accusé d'être à la « solde d'Israël » et de privilégier la piste de « faux témoins ». L'opposition qui resserre les rangs et se renforce du ralliement de Walid Joumblatt se dit également inquiète de l'absence de la volonté de coopération du camp Hariri qui a conduit à l'échec de la médiation syro-saoudienne de la dernière chance. Face à l'impasse, le chef du bloc du changement et de la réforme, le général Michel Aoun, a reconnu, dans sa réunion hebdomadaire, que la solution est désormais libanaise. « Mais, il se refuse de baisser les bras et affirme que des efforts intensifs de toute la classe politique (le chef des Maradas Sleimen Frangié, Gebran Bassil, des représentants du Hezbollah et du président de la chambre) sont menés pour présenter des issues alternatives à « l'interventionnisme américain.» Le spectre de la guerre civile plane de nouveau sur le Liban.