Au moment où la communauté internationale s'invite aux pourparlers décisifs sur la question syrienne, prévue au début du mois de l'année prochaine, l'énigmatique Daech a été chassé du sanctuaire irakien de Ramadi longeant le fleuve Euphrate et conquis le 17 mai dernier. A la faveur de l'offensive lancée par les forces irakiennes, sans la participation des milices chiites, faut-il le préciser, le processus de reconquête, quartier par quartier, a permis le siège, imposé depuis novembre, pour tenter de déloger les 600 à 1.000 terroristes présents dans la ville. Hier, la chute de Ramadi a confirmé le reflux d'un mouvement surgi de nulle part pour fondre un califat autoproclamé le 29 juin 2014 qui court de Mossoul, érigé en capitale religieuse et intellectuelle en Irak, à Racca, instituée en capitale politique et militaire en Syrie. « Nous sommes entrés dans le centre de Ramadi depuis plusieurs fronts et nous avons commencé à purger les quartiers résidentiels », a alors déclaré le porte-parole des services de lutte antiterroriste irakiens, Sabah Al-Nomane. « La ville sera totalement purgée dans les prochaines 72 heures », a-t-il ajouté. Le contrôle total est toutefois tributaire de la riposte des « snippers » et des « kamikazes » qui restent les armes fatales de Daech abandonnant « sans grande résistance », selon Al-Nomane, les quartiers Al-Bikr et Al-Ramel, après avoir quitté, il y a 15 jours, le quartier El Tamim, au sud-ouest de Ramadi. La victoire spectaculaire des forces irakiennes confirme si besoin est le déclin amorcé par la déconfiture subie à Kobané, la ville kurde syrienne à la frontière turque, et le retrait de Tikrit. Le temps est désormais compté pour Daech acculé à la défensive et aux reins brisés par l'offensive russe de démantèlement des bases logistiques et des voies d'acheminement du pétrole spolié. « Nous avions déjà constaté un impact financier négatif sur Daech après la perte de contrôle de la frontière de Tal Abyad, et ce, avant la récente intensification des frappes aériennes contre les capacités de production pétrolière du groupe », note Columb Strack, l'un des analystes de l'IHS, spécialiste du Moyen-Orient. Le mythe Daech est en train de s'effondrer. Entre le 1er janvier et le 14 décembre 2015, la zone Daech s'est réduite de 12.800 km, a indiqué, lundi dernier, l'institut spécialisé IHS Jane's basé à Londres. Soit moins de 14% d'un califat en lambeaux paradoxalement représenté par ses avatars libyens, à Derna et à Syrte. Pris en étau par l'armée syrienne, lancée à l'assaut des zones stratégiques, du bastion de Homs libéré des derniers rebelles à Racca, et les forces irakiennes, Daech vit-il ses dernières heures décrétées par l'émergence du compromis américano-russe ? Pour l'homme politique syrien, Quadri Jamil, cité par l'agence Rossiya Segodnya, « la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu est une résolution historique à part entière. La résolution a arrêté la catastrophe, le collapsus ».