Dans sa quête utopique du califat, Daech assure la mainmise sur un tiers de l'Irak et la moitié de la Syrie affaiblie et livrée à la destruction terroriste. Vérité en Irak, erreur au-delà ? Au sommet, co-présidé par le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, l'alerte a été donnée par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. L'heure est donc au bilan du fiasco de la coalition internationale qui, malgré la victoire retentissante de Kobané, a tout perdu à Mossoul, Ramadi et Palmyre. « Je pense que c'est un échec de la communauté internationale. Concernant le soutien à l'Irak, il y a beaucoup de mots mais peu d'actions sur le terrain », a dénoncé le Premier ministre al-Abadi. « Il y a un problème international, il doit être résolu », a-t-il précisé en évoquant devant les 24 ministres et les représentants des institutions internationales, la génération de combattants étrangers du Daesh « plus importants qu'avant ». Si les combattants irakiens étaient estimés à 58% pour 42% d'étrangers, la proportion s'est aujourd'hui inversée avec 60% de combattants étrangers contre 40% d'Irakiens, a relevé al-Abadi. Toute la stratégie qui consiste à lancer des raids aériens, en confiant le combat au sol aux forces irakiennes et aux rebelles syriens, doit être revue et corrigée. Elle a totalement failli, y compris dans le volet de la formation et de l'armée irakienne mise en déroute à Mossoul et à Ramadi. Le président du parlement Salim al-Joubouri estime que les raids de la coalition sont « importants pour empêcher les djihadistes d'avancer, mais ne suffisent pas à mettre fin au combat ». Le recours aux fameux « camions bombes », alimentés par l'acquisition des véhicules blindés et des chars abandonnés par les forces irakiennes, a constitué l'arme privilégiée de Daesh. Ce nouveau procédé présente un sérieux handicap pour la contre offensive destinée à reprendre le contrôle de Ramadi au cœur précisément de la réunion de Paris. Car, il est attendu du Premier ministre irakien la présentation de son plan d'attaque essentiellement déterminé par la mobilisation des tribus sunnites et de la puissante milice chiite. Washington, en délicatesse avec Baghdad accusé de fuir le combat, exige leur mise sous le contrôle gouvernemental. Dans le contexte des tensions croissantes entre les anciens alliés, la reformulation de la stratégie est posée. Les Etats-Unis ont déjà annoncé, le 21 mai, la livraison de 2.000 lance-roquettes AT-4 aux forces irakiennes (mille de plus que prévu) qui doivent permettre à l'armée irakienne de détruire les véhicules remplis d'explosifs. Serait-ce suffisant ? Pour le Premier ministre irakien, l'absence de soutien et les difficultés d'approvisionnement en armes sont durement vécues. « Nous ne demandons pas des armes mais laissez-nous acheter des armes de manière plus facile ». Cette option est, pour Laurent Fabius, tributaire des engagements politiques pris par le partenaire irakien sommé de « mieux respecter » le contrat conclu, en septembre, lors de la conférence de Paris, de nature à privilégier « une politique de rassemblement inclusive » de toutes les composantes irakiennes.