Photo : Fouad S. M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a indiqué, hier sur les ondes de la chaîne I de la radio nationale, que l'Algérie n'a pas été dernièrement le théâtre d'émeutes de la faim. «Certes, il existe des écarts entre les niveaux de vie, mais ce n'est pas la faim ou la pauvreté qui a poussé ces jeunes à sortir dans les rue affronter les forces de l'ordre. C'est de la désinformation », a-t-il déclaré. Des mineurs âgés de quinze à seize ans se sont livré à un jeu malsain, en compagnie de voleurs et de malfaiteurs ayant commis des actes « criminels ». Ce qui est « intolérable », dira Belkhadem. Faisant savoir qu'en plus des trois victimes enregistrées lors de ces événements tragiques, 750 membres des forces de l'ordre ont été blessés. Il salue leur bravoure et leurs efforts consentis au service de la nation. Quels sont les motifs de cet embrasement ? Belkhadem rappelle qu'effectivement la crise économique mondiale a eu ses effets, mais il ne faut pas omettre, dira-t-il, que «l'investissement en Algérie a été stoppé pendant plus de 25 ans et ce, de 1986 jusqu'à 1999. Sans compter les séquelles, les événements d'Octobre 88 et de la tragédie nationale», «l'Algérie a été au bord de la faillite financière», déclare-t-il. M. Belkhadem reconnaît la nécessité de répondre aux besoins de la société en termes d'emplois. «IL FAUT SEPARER LE PROGRAMME PRESIDENTIEL DE LA GESTION DE L'EXECUTIF» Belkhadem refuse, par ailleurs, de parler de l'implication de la main étrangère ou locale dans l'incitation de cette agitation populaire, mais, se désole-t-il, « ces émeutes ont terni l'image de l'Algérie », étant donné que, contrairement à Octobre 88, aujourd'hui notre pays ne connaît pas « d'insuffisance » financière. Il est possible que « des cercles économiques dont les intérêts ont été touchés par la rigueur imposée par les pouvoirs publics soient derrière tout cela, mais ils ne peuvent pas être plus forts que l'Etat », enchaîne-t-il, en signalant que « les rumeurs peuvent être destructrices parfois ». Belkhadem récuse l'idée que le programme du chef de l'Etat soit remis en cause, en précisant que « la démarche présidentielle est bien structurée, mais la gestion quotidienne des citoyens est laissée à l'exécutif, à travers ses différentes institutions ». Le gouvernement a-t-il réellement cédé au monopole des lobbies économiques ? L'invité de la radio répond par la négative en estimant qu'il est important d'envisager, à l'avenir, des « stocks sécuritaires» pour épargner aux citoyens la déstabilisation des prix, notamment en ce qui concerne le sucre et l'huile qui ne sont pas produits localement. Pour ce qui est des répercussions du marché informel, Belkhadem estime qu'il est possible de l'intégrer dans l'économie nationale sans le criminaliser, en encadrant les jeunes qui s'adonnent à ces pratiques, en leur imposant, indique-t-il à titre d'exemple, des impôts précis. Seulement, lance-t-il, « il faut combattre les détenteurs de containers qui nuisent au Trésor public ». LE MARCHE DU SUCRE DETENU PAR CINQ IMPORTATEURS SEULEMENT Quelle parade prévoir à l'avenir ? Le représentant du président de la République recommande la mise en place de mesures de régulation du marché, complémentaires à celles décidées par le gouvernement, surtout pour les produits de première nécessité. Le but étant de casser le monopole du marché, déclare-t-il, en soulignant qu'il est inadmissible d'accorder le marché du sucre à cinq importateurs seulement. Ce qui oblige la mise en vigueur de la loi sur la concurrence pour permettre aux entreprises publiques de gagner des marchés. Sur un autre registre, Belkhadem conteste catégoriquement le fait que le rôle des partis politiques soit remis en cause lors de ces émeutes. En réponse à ceux ayant reproché au gouvernement son manque de communication, l'invité de la radio rappelle que les ministres de l'Intérieur, du Commerce et de la Jeunesse et des Sports sont intervenus à plusieurs reprises. LA POLITIQUE SOCIALE DE L'ALGERIE EST ENVIABLE Pour sa part, il fera savoir qu'il a eu à intervenir sur la chaîne BBC en vue de corriger certaines fausses informations, voulant à tout prix « faire croire que l'Algérie est riche mais son argent est dans les poches des responsables et non investi dans des projets de développement ». Belkhadem affirme que « notre pays a mis en place une politique sociale enviable, constituant notre fierté. Certes elle est coûteuse, mais efficace ». Cela ne signifie pas absence d'insuffisance. Par ailleurs et en sa qualité de SG du FLN, Belkhadem revient sur la question de la criminalisation du colonialisme, en souhaitant la promulgation du projet de loi y afférent que ce soit lors de la session parlementaire d'automne ou de printemps. Belkhadem dira, d'autre part, que la crise qu'a connue dernièrement son parti « est une secousse qui n'est pas mortelle». Concernant son soutien pour la candidature de Bouteflika pour la présidentielle de 2014, qui a déplu apparemment à ses alliés, il estimera que cette réaction est normale, dans la mesure où il s'est exprimé au nom de son parti et non pas en leur nom. A propos de la lutte antiterroriste et le payement de rançons, Belkhadem affirme que l'Algérie désapprouve l'existence de conflits sur ses frontières du sud, en rappelant que notre pays assume sa lutte antiterroriste avec ses propres moyens sans l'aide de parties étrangères. Il souhaite, en conclusion, un amendement plus profond de la Constitution.